Le chef du gouvernement, Édouard Philippe, dans une interview ce week-end, brossait les contours du budget 2019 confirmant la poursuite d'un budget à 2 vitesses.

Des mesures en faveur des entreprises
Les entreprises sont une nouvelle fois dans les contours de ce budget les favorites du gouvernement. Après avoir bénéficié de mesures favorables avec la baisse du taux d'imposition d'imposition de l’impôt sur les sociétés à 28 % pour 2018 dont l'objectif à la fin du quinquennat est de 25 % et la transformation du Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE) en baisse de leur cotisations sociales, elles vont bénéficier pour septembre 2019 d'une exonération des cotisations sociales pour les heures supplémentaires effectuées par leurs salariés. Ces annonces envers les entreprises auront des conséquences notables notamment pour le budget de la Sécurité sociale ce qui permettra de justifier par la suite une réduction des dépenses liées à la protection sociale.

Des restrictions pour les plus fragiles
Après avoir octroyé des cadeaux aux plus riches de la population française dans de la loi de finances 2018 (suppression de l'impôt sur la fortune, mise en place de l'impôt sur la fortune immobilière et le prélèvement forfaitaire unique à 30 % pour les revenus de la finance) en promettant un retour des investisseurs dans l’économie réelle, le gouvernement poursuit son choix de limiter l'augmentation de certaines prestations sociales à 0,3 % contre 2,3 % d'inflation comme l'aide personnalisée au logement (APL), des allocations familiales et des pensions de retraite. Ainsi la rigueur se poursuit pour les classes les plus modestes et la redistribution des richesses n'est toujours pas d'actualité…

Action publique en ligne de mire
Alors que le rapport CAP 22, que notre organisation a réussi à avoir et publié, n'a toujours pas fait l'objet d'orientations officielles de la part du gouvernement, le 1er Ministre entend continuer la baisse de la dépense publique via notamment la baisse du nombre de fonctionnaires. Il conforte ainsi notre analyse sur ce rapport: ce n'est pas repenser l'action publique dans le but d’améliorer la qualité mais bien d'avoir une vue purement comptable de l'action publique.
Ainsi en confirmant l'objectif de 50 000 suppressions d'emploi de fonctionnaires d'ici 2022, il annonce la suppression de 4 500 pour l'année 2019 tout en précisant qu'il y aura 2.000 agents supplémentaires dans la police, la gendarmerie et à la DGSI, 1.300 à la justice car il s’agit de priorités. Il désigne par ailleurs les secteurs mis à contribution: les Finances, l’audiovisuel public, le réseau extérieur de l’État.
Ainsi, si le gouvernement entend arriver à 4 500 suppressions nettes d'emploi il faudra qu'il supprime près de 8 800 postes de fonctionnaires dans d'autres secteurs. Quand à la répartition de cette baisse, il est fort à craindre que la Direction générale des Finances Publiques au vu de son « exemplarité » antérieure soit à nouveau le plus fort contributeur. Et ce en dépit de la hausse de la charge de travail.

Solidaires Finances Publiques dénonce cette orientation budgétaire qui n'est pas novatrice et qui n'a jamais fait preuve depuis plus trente ans de son efficacité en termes de baisse du chômage et de équilibres des comptes publics.