Le sentiment d’abandon exprimé par une partie importante de la population ne risque pas de diminuer à l’avenir, bien au contraire. Le gouvernement s’apprête en effet à engager une vaste opération de repli territorial de la DGFiP qu’il a l’audace d’intégrer et de présenter dans un plan global de « reconquête des territoires ». Inédite par son ampleur (tous les services de la DGFiP et tous les territoires sont concernés) et sa brutalité (tout doit être engagé d’ici 2022) cette opération, improprement nommée « géographie revisitée », est en réalité une « géographie abandonnée ».

Les principaux axes en sont les suivants :

  • une chute violente du nombre de trésoreries, des services des impôts des particuliers, des services des impôts des entreprises ou encore des services de publicité foncière,
  • des transferts internes et des fusions de services et de missions,
  • des suppressions d’emplois qui s’accélèrent alors que la DGFiP a déjà perdu 40 000 emplois depuis 2002.

Le gouvernement communiquera immanquablement sur les points suivants : L’affichage de « points de présence ou de contacts » en nombre croissant : mais derrière lequel on assistera en réalité à un rétrécissement. En effet, ces « points » n’offriront pas aux usagers ni l’ensemble des missions que les services assurent actuellement ni tout simplement pour nombre d’entre eux de présence quotidienne pérenne : « la vitrine sera belle mais la boutique n’aura pas grand-chose à vendre » en quelque sorte...

  • Le développement des « maisons France service » (nommées jusqu’ici maisons de service au public) : si celles-ci peuvent être bien vues par des territoires délaissés de longue date par le service public, s’agissant des missions de la DGFiP, elles n’assureront que des missions d’accueil généraliste, la plupart des missions assurées actuellement par les services de la DGFiP n’y seront plus exercées. Ceci constituera objectivement un recul pour la population et les élu.es (rappelons que les trésoreries gèrent les comptes des collectivités locales).
  • La montée en puissance de formes itinérantes d’accueil, ce qui ne répondra pas au besoin de réelle présence du service public.
  • La priorité donnée au numérique : or, celui-ci doit compléter le service « humain » sans s’y substituer. Outre qu’une personne sur trois maîtrise mal les outils numériques ou n’y a tout simplement pas accès, de nombreux usagers effectuant des démarches via internet se rendent dans les services, notamment pour demander confirmation de ce qu’ils ont vu (sur un point de législation par exemple). Paradoxalement, alors que le numérique permettrait aux fonctionnaires d’exercer leurs missions dans un maillage territorial harmonieux (ce qui serait une vision réellement moderne), le numérique est utilisé pour concentrer encore et toujours les missions et les services.

Le plan du gouvernement qui s’inscrit dans une vaste remise en cause de la fonction publique a des noms : le low cost, la flexibilité, l’externalisation, la régression.
Les besoins de la population sont autres : la qualité, l’efficacité, l’accessibilité, la continuité, l’égalité de traitement.
Quant aux agent.es, ils veulent pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions et être reconnus : or, entre la pression budgétaire, la refonte de la fonction publique et ce projet, tel n’est pas le cas.

Le syndicat Solidaires Finances Publiques s’exprimera régulièrement et point par point sur ce plan qui se dévoile actuellement progressivement au plan local. Il met au défi le gouvernement de donner une réelle consistance à la présence territoriale, à la qualité et à l’efficacité du service public ou encore à la reconnaissance des agent.es. D’ores et déjà, notre organisation appelle les agent.es, les usager.es et les élu.es à prendre connaissance des projets gouvernementaux et à en mesurer les conséquences.