Le document transmis au parlement dans le cadre du débat d’orientation budgétaire est parlant. Il mentionne : « Le ministère de l’Action et des comptes publics poursuivra la transformation de ses réseaux, à travers une refonte de ses missions et un mouvement de déconcentration au profit des territoires ruraux. Cette transformation profonde se traduira par une baisse de ses effectifs de 10 000 ETP sur la durée du quinquennat. » La Direction générale des finances publiques (DGFiP) est donc clairement l’administration sacrifiée.

La transformation du réseau mentionnée a été baptisée « géographie revisitée » mais s’apparente à une géographie abandonnée. Contrairement à ce qu’avance la communication des pouvoirs publics, si elle se met en œuvre, elle se traduira par la suppression pure et simple des trésoreries de proximité ainsi que de nombreux services des impôts (des particuliers et des entreprises) mais aussi par des transferts de services. Les cartes transmises par les pouvoirs publics eux-mêmes (disponibles sur notre site) ne laissent planer aucun doute : il y aura bel et bien beaucoup moins de services des finances publiques (voir notre communiqué du 24 juin dernier). En effet, les « points de contacts » vantés par les pouvoirs publics ne constituent pas des services de la DGFiP mais des accueils généralistes relevant de plusieurs administrations et opérateurs d’État, dans lesquels peu d’agent.es publics travailleront (2, le plus souvent) et qui ne pourront qu’assurer un accueil très généraliste. Dès qu’une question technique ou personnalisée sera posée (ce qui est le cas en matière de fiscalité et de finances locales), elle sera transmise aux services de pleines compétences, géographiquement beaucoup plus éloignés (et dénommés le « back office »). Cette restructuration se complète d’externalisations de missions avec, par exemple, le transfert de la mission topographique à l’Institut géographique national.

Le document d’orientation budgétaire recèle une autre information : 10 000 emplois « en équivalent temps plein » seront supprimés au ministère de l’action et des comptes publics en 3 ans (2020/2022), c’est-à-dire en clair à la DGFiP et aux douanes, sur les 15 000 revues et annoncés pour la Fonction publique d’État soit les 2/3 ! L’obsession confondante des suppressions d’emplois pourtant utiles sur tous les plans (sociaux, économiques, budgétaires) apparaît ici comme la principale cause de ce qu’il faut bien appeler « attaque » (soit, littéralement, une « action consistant à défaire et détruire »…).

S’il reste à voir la répartition fine de ces suppressions d’emplois, on peut d’ores et déjà affirmer qu’il s’agit du plan de suppressions d’emplois le plus important que le ministère ait connu. Il intervient alors que la DGFiP a perdu 40 000 emplois depuis 2002 (si l’on intègre les deux directions générales -impôts et comptabilité publique- qui ont fusionné en 2008 pour donner naissance à la DGFiP). Et ceci, alors que la charge de travail (tout comme sa complexité) n’ont cessé de croître (voir notre dossier « la DGFiP dix ans après »). Si le numérique s’est développé, il a contribué à changer le travail sans toujours l’alléger et il n’a pas «absorbé » cette hausse ni celle des besoins de la population (à l’accueil physique et téléphonique notamment) ni encore celle de l’évasion fiscale… Le gouvernement est aveugle devant cette réalité et sourd aux attentes de la population et des personnels.

Plusieurs dizaines d’actions ont cependant été recensées au cours des dernières semaines. Elles ont été relayées par la presse locale et par de nombreux élus locaux, particulièrement inquiets de voir le service public les abandonner. Au cours de l’été et à la rentrée, le syndicat Solidaires Finances Publiques poursuivra et intensifiera son action pour : alerter la population et ses élu.es de la réalité du projet gouvernemental, défendre le service public (qui doit demeurer présent sur le territoire et de qualité) et ses agent.es, maltraités par l’ensemble des orientations gouvernementales (suppressions d’emplois, restructurations, mesures touchant à la fonction publique, impact sur les conditions de travail, etc).