La lettre d'Emmanuel Macron du 14 janvier 2019 appelle plusieurs commentaires et critiques sur son orientation profonde : les choix gouvernementaux sont confirmés, les questions, très orientées, ne portent pas sur une meilleure répartition des richesses mais sur la baisse des prélèvements et l'abandon de missions du service public, etc. Pour y répondre sous une forme originale, nous avons choisi de livrer ce qu'aurait dû être le contenu d'une lettre ouvrant un véritable débat portant sur les priorités à engager pour une véritable justice fiscale et sociale...

Chères Françaises, chers Français, mes chers compatriotes,

 

Le premier sujet porte sur nos impôts, nos dépenses et l'action publique. L'impôt est au cœur de notre solidarité nationale. Nous devons faire œuvre de pédagogie et, en même temps, agir enfin pour une véritable justice fiscale, sociale et écologique. C'est l’impôt qui contribue à réduire les inégalités et qui finance nos services, les aides et les investissements publics. Il vient rémunérer les professeurs, pompiers, policiers, militaires, magistrats, infirmières, agent-e-s des finances publiques et tous les fonctionnaires qui œuvrent quotidiennement à votre service. Il permet aussi de verser des prestations sociales et de financer certains grands projets d'avenir, notre recherche, notre culture, ou d'entretenir nos infrastructures.

C'est aussi l'impôt qui permet de régler les intérêts de la dette que notre pays a contractée au fil du temps qui a été alimentée non seulement par les investissements publics utiles pour l’avenir (c’est alors une « bonne dette »), mais aussi, malheureusement, par la crise systémique (avec le renflouement des banques), la financiarisation de l’économie (les taux d’intérêt ont été très élevés dans les années 80 et 90) et les baisses d’impôt importantes accordées à certains agents économiques aisés sans qu’elles n’aient relancé l’économie.

L'impôt est indispensable à la vie en société, mais il doit être juste. Car, lorsqu'il est trop injuste et mal réparti, il n’est plus consenti, il alimente la hausse inquiétante des inégalités et prive de nombreux ménages et PME de revenu disponible alors que les plus aisés et les grandes entreprises ont largement bénéficié des mesures de ces 20 dernières d’années. Notre économie a donc besoin d’un système fiscal plus juste qui réduirait les inégalités, soutiendrait l’économie et financerait les investissements dans le cadre d’une orientation préservant l’environnement. Nous reviendrons donc sur les mesures que nous avons prises. Mais nous devons aller plus loin.

Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? Comment mieux combattre l’évasion et la fraude fiscales ? Comment renforcer le consentement à l’impôt mis à mal depuis trop longtemps ?

Nous ne pouvons, quoi qu'il en soit, débattre de l'impôt sans débattre de notre dépense publique. Or, cette dépense, majoritairement issue de notre système de protection sociale, est socialement, écologiquement et économiquement utile. Nous l’avons trop souvent perdu de vue. Il faut le rappeler à l’heure où les défis sont nombreux et décisifs : réduire les inégalités en France et dans le monde, neutraliser la concurrence fiscale et sociale, en finir avec la domination de la finance, préserver l’environnement et organiser la transition écologique, mieux répartir les richesses pour augmenter la part des salaires dans la richesse nationale mais aussi redonner du sens et du contenu à la démocratie et au dialogue social.

Voyez-vous des besoins nouveaux en matière de services publics et de protection sociale, comment les financer dans le cadre d’une véritable justice fiscale et sociale ?

Notre modèle social est injustement mis en cause. Nous devons rappeler que le financement de ce système ne prive personne du fruit du labeur, du travail et des efforts car chacune et chacun en bénéficie directement (par la redistribution sociale qui représente un tiers du revenu de nos concitoyens) et indirectement (la redistribution permet de soutenir l’activité économique et de réduire les inégalités). C’est ce paradigme qui doit guider une véritable stratégie pour notre santé, pour lutter contre la pauvreté, et pour lutter contre le chômage.

Comment mieux organiser notre pacte social ? Comment réduire les inégalités, en finir avec la financiarisation (qui déstabilise les économies et les sociétés) et préserver l’environnement ?

Le deuxième sujet, c'est l'organisation de l’État et des collectivités publiques. Les services publics sont vitaux : école, police, armée, hôpitaux, tribunaux sont indispensables à notre cohésion sociale et à notre économie. Malheureusement, leur recul a délaissé de nombreux territoires et quartiers, nous devons inverser le mouvement.

Comment voudriez-vous que l’État soit organisé pour améliorer son action au plus près de chacune et chacun d’entre vous ? Comment l’État et les collectivités locales peuvent-ils s'améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires, de la transition écologique et de la justice sociale ?

 

C'est ainsi que j'entends transformer avec vous, les colères en solutions.

Françaises, Français, je souhaite que le plus grand nombre d'entre vous puisse participer à ce grand débat afin de faire oeuvre utile pour l'avenir de notre pays.

En confiance .