On entend régulièrement leurs représentants, on voit passer ici et là leurs écrits, ils exercent une influence par leurs réseaux… : pompeusement baptisés « Instituts » de ceci ou de cela pour se parer des habits de l’expertise, des think tank, où agissent des militants ultra-libéraux, tirent à leur façon les leçons de la crise actuelle pour préparer le « débat d’après ». Dans le registre du « y'a qu’à, faut qu’on », on ne fait guère mieux…

IFRAP, IREF et autres… un postulat = leur conclusion.

Faisons tout d’abord court et simple ici. Leur postulat idéologique, martelé avec une constance et une obsession synonyme d’aveuglement qui frise l’absurde, est le suivant : il faut tout privatiser et tout déréglementer, l’État est un problème, la sécurité sociale est un problème, les Finances publiques sont un problème, le droit du travail est un problème, l’organisation de la vie en société au fond est un problème. Ce postulat étant leur raison d’être, il traverse donc l’ensemble de leurs travaux et demeure leur inévitable conclusion.

Dans une période où l’activité économique est soutenue par l’action publique et où le constat des insuffisances des moyens de l’action publique est très largement partagé, il était intéressant de voir ce que ces faux instituts pouvaient dire.

Passées les bornes, il n’y a plus de limite.

Ces think tank ne sont jamais décevants. Il y aurait d’ailleurs de quoi en rire si la situation était différente. Jamais à court d’esprit revanchard, pour ne pas dire haineux, les articles qu’ils publient dans la période dévoilent, si besoin en était, leur conception du mode de vie en société.

L’IREF a un immense mérite : son discours prévisible et grossier. Il considère encore et toujours qu’il y a trop de fonctionnaires en France et vante le système de santé de la Corée-du-Sud pour une simple raison : il relève essentiellement du privé ! Il reprend sans surprise les comparaisons forcément biaisées des dépenses publiques. Pour l’IREF, c’est entendu, il y a trop de fonctionnaires et l’État n’a pas protégé les Français. Il faut donc privatiser, CQFD, fermez le ban.

De son côté, l’IFRAP se montre certes plus prudent sur les conclusions à tirer de cette crise et se garde pour l’heure de réclamer la privatisation du système de santé. Mais il n’est pas en reste. Pour cet institut très médiatisé, la solution est simple : « 60 heures de travail par semaine dans les secteurs essentiels, la bonne décision ». Ni plus ni moins.

Jamais décevants disions-nous poliment, même si on les voit moins dans les médias dans la période, allez savoir pourquoi. Imaginons leurs représentants tenir un tel discours face à des personnels soignants ou des fonctionnaires qui assurent le fonctionnement de l’action publique...

« L’après » a déjà commencé.

En annonçant vouloir « tirer toutes les conséquences » de cette crise par « des décisions de rupture », Emmanuel Macron a lui-même lancé le « débat d’après ». Il n’est guère étonnant que les ultra-libéraux s’y engouffrent. 

L’idéologie « néo » et « ultra » libérale a beau avoir des adeptes, tout démontre aujourd’hui qu’il faut définitivement en finir avec elle. Et de ce point de vue, il y a beaucoup à dire et à faire. Notre organisation, et tant, d’autres, se sont déjà exprimées et ne cesseront de le faire. Ce ne sont pas des think tank qui ne cessent de montrer leur vrai visage (la haine absurde, au sens plein du terme, du public et du « social ») qui nous empêcheront de plaider pour la justice fiscale, sociale et climatique.