L’encre de la loi portant « transformation de la fonction publique » est à peine sèche que la Direction générale des finances publiques (DGFiP) publie des offres d’emplois contractuels. Ces recrutements concernent plusieurs missions pérennes de la DGFiP.

 

 Ce zèle est d’autant inacceptable et choquant que la DGFiP devrait perdre 4 900 emplois d’ici 2022, ce qui s’ajoutera aux plus de 40 000 emplois déjà supprimés depuis 2002. La stratégie qui se dessine est donc claire : le contrat plutôt que le statut, la précarité plutôt que l’intérêt général, le court terme plutôt que le long terme, la flexibilité plutôt que la stabilité.

 Les pouvoirs publics affirment qu’ils mettent tout en œuvre pour une gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences. Celle-ci pourrait en théorie conduire à déterminer les besoins et l’évolution des emplois nécessaires. Manifestement, on est loin de cet objectif. Les autorités qui impulsent ce genre de démarche tombent le masque : la rapidité avec laquelle elles se sont ruées sur la possibilité de recruter des contractuels en dit long. Outre son caractère très idéologique, ce choix démontre également que la DGFiP a bien besoin d’emplois...

 Et que dire des propos de notre Directeur général qui, dans une interpellation sur le recrutement et l’absence de transformations d’emplois (qui permettent d’améliorer les promotions internes et de reconnaître les qualifications), a dans un premier temps nié ce type de recrutement pour finalement reconnaître que les directions « ne faisaient qu’utiliser l’opportunité qui leur est offerte » ? On ne saurait trop conseiller au DG et au ministère de donner des consignes claires pour privilégier le recrutement d’agent.es statutaires par la voie des concours (externe et interne) et de la sélection professionnelle.

 Les pouvoirs publics ne peuvent sérieusement pas défendre cette manière de faire (que les organisations syndicales et les personnels ont découverte sur les sites d’offres d’emplois, aucune information ne leur ayant été donnée) : les missions de la DGFiP sont pérennes, elles servent l’intérêt général en toute neutralité et nécessitent une formation adaptée. Tout sauf les CDD et les contrats en somme...

 Plus globalement, la montée de la précarité au sein de la fonction publique n’améliorera pas la situation des salarié.es du secteur privé et contribuera à nourrir la précarité alors qu’il faudrait au contraire la combattre. Cela fait partie du « message » que les agent.es des finances publiques ont envoyé à la DGFiP et au gouvernement ce lundi 16 septembre puisque ceux-ci ont manifestement décidé d’en finir avec une administration efficace, qui a fait ses preuves et dont les agent.es veulent être reconnus et assurer leurs missions dans de bonnes conditions.