Liminaire et compte-rendu du groupe de travail Contrôle Fiscal du 28 juin 2017. 

Un GT d'importance avec ...des avancées

Liminaire

Avant d’en venir aux sujets de ce groupe de travail, notre organisation syndicale souhaite vous livrer les éléments suivants.
Alors que le nouveau gouvernement est désormais en place, plusieurs questions ayant une relation directe avec la DGFiP et le contrôle fiscal se posent.

Quelle sera l’orientation politique en matière de lutte contre l’évasion et la fraude fiscales ? Manifestement, le Président de la République s’inscrit dans une démarche européenne qui devrait, en toute logique, le conduire à poursuivre les discussions sur l’application du Plan Beps ou sur l’assiette commune consolidée de l’impôt sur les sociétés par exemple (la liste n’étant pas exhaustive). Quel est cependant le « supplément d’âme » et l’impulsion propre du nouveau gouvernement ? Au vu des déclarations, assez vagues, il ne semble malheureusement pas possible de se prononcer.

Un point nous interroge en lien direct avec ce qui précède : quelle forme prendra le « droit à l’erreur » et quelles en seront les conséquences concrètes sur la mission de contrôle ? Il s’agit là d’une question importante qui, manifestement, s’inscrit encore et toujours dans la droite ligne d’une conception du contrôle en pleine évolution qui veut en faire une forme de « prestation de service » ou d’un audit en quelque sorte. La nouvelle procédure pourrait ainsi constituer l’outil de cette approche « philosophique » qui, rappelons-le, n’est pas l’approche originelle du contrôle fiscal. Dans un environnement où l’évitement de l’impôt a pris une ampleur considérable et est devenu une industrie, il y a là un danger notable. Renseigner les contribuables et respecter leurs droits, oui, mais pas au prix d’un affaiblissement du contrôle. Il ne faut pas confondre les deux approches dans une intervention a posteriori de la DGFiP. Celle-ci peut et doit mieux renseigner en amont du contrôle lorsqu’un contribuable (particulier ou entreprise) souhaite des éclaircissements sur la législation fiscale. Mais le contrôle, contrepartie du système déclaratif, ne doit pas être remodelé en prestation de service. Nous mettons en garde contre les conséquences d’une telle évolution sur l’efficacité de nos missions mais aussi, plus largement, sur l’impact de choix trop « accommodants » que pourraient avoir sur nos concitoyens et le consentement à l’impôt.
À cet égard le rapport de la Cour des Comptes datant de 2016 est tout à fait éclairant sur les préconisations, les décisions qui suivent inévitablement et qui en rajoutent encore en termes de fausses bonnes idées.
Rien d'innovant, sinon un pas de plus dans les mauvaises directions. Les vieilles antiennes du « management public, un copier-coller des orientations ministérielles et DGFIP, le tout ignorant les différents aspects de la chaîne de travail du contrôle fiscal. Rien ou presque sur la programmation qui pose problème (nous y reviendrons), si ce n'est des recommandations pour faire monter en puissance le seul traitement des données et bien entendu rien sur la couverture efficace du territoire.

Plus concrètement, nous nous interrogeons sur le fonctionnement au quotidien entre la DGFiP et le cabinet du ministre. Celui-ci étant plus réduit, n’y-a-t-il pas un risque de voir les notes et dossiers établis par la DG être moins bien et plus lentement traités et/ou de voir reportée sur la DG une responsabilité politique qui n’est pas celle normalement dévolue ? En matière de contrôle, les incidences ne seraient pas neutres au vu de la succession d’affaires...

Le débat sur les outils juridiques n’est sans doute pas clos. Notre organisation n’a pas seulement agi aux côtés d’autres organisations pour faire le procès de l’évasion fiscale le 9 janvier à Dax, elle a aussi publié un rapport qui dresse un bilan des principales mesures juridiques et livre des propositions. Très concrètes, celles-ci touchent par ailleurs à la stratégie pénale de la DGFiP, à ses moyens humains et technologiques etc. Il serait nécessaire d’y revenir dans nos échanges car le risque demeure de voir la DGFiP critiquée au vu de la baisse des résultats... Toujours au titre des bilans et des points d’étape, nous aimerions également avoir un échange sur la base de données étayées sur les pôles de programmation, le pilotage fonctionnel des BCR, les pôles pénaux ou encore la mise en œuvre du plan Beps, la mise en œuvre de l'examen de comptabilité.
Le contrôle fiscal n’échappe pas au plan de l’adaptation des structures de réseau (ASR). Sous couvert de se conformer à la réforme territoriale, de gagner en expertise et en efficacité, la Direction Générale engage une mise en coupe réglée du réseau.
– Modification des compétences géographiques des DIRCOFI, suppression de l’une d’entre elles.
– Mise en place des pôles interrégionaux : programmation, pénal, juridictionnel
– Transfert des brigades départementales de vérification vers les DIRCOFI
– Réflexions sur l’avenir des Pôles de Contrôle et d’Expertise
– Mise en place des brigades Patrimoniales interrégionales

À ce bouleversement structurel, la Direction Générale veut adapter la gestion des personnels du Contrôle Fiscal pour soi-disant répondre à la spécificité de la mission : profilage des cadres A+, augmentation du délai de séjour de 2 ans à 3 ans pour l’encadrement, évaluation des compétences tous les 5 ans pour l’ensemble des agents.
Pour Solidaires Finances Publiques il s’agit là tout simplement d’un démantèlement et d’une déréglementation des droits des agents, notamment en matière de règles de gestion, qui se met en place.

Au chapitre des outils techniques, nous restons pour le moins circonspects sur le « datamining » et globalement sur l’outil de requêtage. Les remontées sur ce sujet sont très inégales, elles montrent un vrai manque de temps mais aussi des manques en matière de formation et de mutualisation. Des audits sont menés en ce moment. Nous souhaitons avoir la vision de la DG, sachant que pour notre part, nous souhaitons à la fois une amélioration de ces outils et de leur appréhension par les agents et, bien évidemment, des effectifs suffisants pour les exploiter...
Toujours concernant les outils, vous n’êtes pas sans savoir le rejet massif des agents de RIALTO MEMO dans la version imposée par la Direction Générale.
L'utilisation de cet outil renforce la conviction des agents que Rialto Mémo n'est pas une aide aux agents dans la cadre de l'exercice du contrôle externe, mais un handicap supplémentaire notamment en raison d'une saisie chronophage et redondante par manque d'interconnexion entre les différents logiciels. Par ailleurs, l'obligation de saisie est dans certaines directions accompagnée de menaces de sanctions engendrant un climat délétère dans la sphère contrôle fiscal. Nous rappelons ici que le boycott était un mot d'ordre national dont Solidaires Finances Publiques était partie prenante. Nous ne laisserons aucun agent dans la difficulté.
Imposer une application par la force n’emporte pas son acceptation, bien au contraire...
Solidaires Finances Publiques réaffirme son opposition ferme à toute menace ou engagement de sanction disciplinaire liés au boycott de l’application. De telles sanctions si elles devaient être mises en œuvre seraient contraires aux assurances formulées par la direction générale le 3 avril 2017. Nous défendrons tous les agents attaqués dans le cadre de leur activité.
De même nous réitérons nos demandes d’effectuer des points d’étape-bilan sur les améliorations et évolutions qui doivent être apportées à cet outil. Outil imposé qui apparaît en l’état aux agents, limité à une fonction inacceptable de pur contrôle interne et de surveillance et nous demandons le retrait de cette version pour que s’ouvrent des discussions quant à la définition et à la mise en place d'un véritable outil au service de la mission, au service des agents.

Pour Solidaires Finances Publiques, toutes ces déclinaisons notées plus avant se traduisent in fine par un inter régionalisation prégnante, une départementalisation en déclin, une informatique insatisfaisante et structurante, une gestion des agents profilée, évaluée.

Plus que jamais l’efficacité de la mission est indissociable de celle touchant aux conditions de travail, à la reconnaissance des agents, et plus largement à leur déroulé de carrière.

Or les agents du contrôle fiscal souffrent, comme tous les agents de la DGFIP, du manque de reconnaissance de leur travail et de la baisse incessante des moyens. En effet comment accepter des évolutions dans un cadre aussi contraint qui se traduit par des perspectives bouchées en termes de déroulé de carrière et de promotions internes, par une perte de pouvoir d’achat (point d'indice, indemnitaire...) et par des moyens notoirement trop faibles au regard du travail réel, qu'il s'agisse des emplois ou des moyens matériels.

Pour Solidaires Finances Publiques il convient de prendre en compte l’entièreté des tâches : expertises remboursements de crédit TVA, rescrits, réponses diverses et multiples aux agents qui s'avèrent chronophages. Il faut en finir avec la prégnance du recouvrement qui rend la programmation frileuse et insuffisante, qui crée de fait de véritables friches fiscales et laisse aussi à un certain nombre d'entreprise la possibilité d'organiser leur insolvabilité.
Il faut en finir avec une méthode de managériat dévastatrice et surannée et renforcer les moyens humains des services de contrôle, mais aussi matériels et humains pour les placer à la hauteur des enjeux.
La perte de pouvoir d'achat est d'autant plus forte et insupportable que les remboursements des frais de déplacement sont notablement insuffisants, les agents continuent encore et encore de payer pour travailler ce qui est insupportable. Nous exigeons que le problème des frais de déplacement pour tous les agents concernés, itinérants ou non, soit enfin réglé, que cesse cette injustice croissante, tant en termes de montant des défraiements, que de délais de remboursement par les Directions.

Nous reviendrons en détail sur les différents points mentionnés dans cette déclaration liminaire.
Dans une période où le dialogue social devient de plus en plus difficile, nous vous remercions d’avoir pris en compte nos demandes concernant l’ordre du jour, et d’avoir accepté d’y consacrer le temps nécessaire en convoquant, comme nous le souhaitions, ce groupe de travail sur la journée.