La Direction générale a livré son plan de reprise d’activité (PRA). S’il donne un cadre national général, son adaptation locale concrète soulève d’ores et déjà de très nombreuses interrogations et risque bien de prendre la forme d’une usine à gaz pour l’ensemble des personnels.

A l’évidence, pour l’application du PRA, les cadres et les chefs de service vont être particulièrement sollicités. Ils auront à gérer un quotidien, déjà compliqué avant la crise, qui s’annonce évolutif dans un contexte inédit. Disons-le d’emblée, la tâche s’annonce ardue et la ligne de crête bien étroite. Le risque de dévissage existe.

Cadre national + décisions des directions locales + gestion des situations individuelles + organisation de l’environnement du travail + suivi des missions =

équation impossible ?

Les chefs de service ont reçu un guide du chef de service, précis jusqu’à l’infantilisation : on y apprend ainsi qu’il faut aller saluer les agent.es et prendre contact avec les agent.es non présent.es. Une information utile… Sur le papier, tout est simple : il leur faudra trouver le « bon équilibre entre écoute et exigence ». Ce guide livre par ailleurs des préconisations qui, selon les situations locales, peuvent vite s’avérer être un sacré casse-tête.

Si l’on peut comprendre que les situations locales diffèrent, le cadre fixé a de quoi interroger. Pêle-mêle, les chefs de service devront ainsi mener des entretiens avec les agent.es, procéder à l’affichage des consignes à respecter, gérer des plannings de présence par roulement, s’assurer que les gestes barrières soient bien appliqués, vérifier l’organisation de l’environnement du travail, suivre l’activité et la situation des agent.es, mesurer l’adéquation charges/moyens, et la liste n’est pas exhaustive.

Tout cela en gérant l’articulation des 3 priorités fixées par le PRA mais avec quels moyens humains, quels moyens matériels et quel soutien de la Direction. De plus, ils devront être les porteurs des mauvaises nouvelles lorsqu’il faudra annoncer l’application de l’ordonnance du gouvernement qui prévoit de voler (le terme n’est pas trop fort) des jours ARTT et de congés à certains agent.es qui, comme l’ensemble de la population, ont subi la période de confinement.

Beaucoup de questions sans réponse...

Quelles sont les marges de manœuvre des cadres ? Pour le coup, le guide et les consignes se veulent moins précis. En revanche, on peut avancer malheureusement sans crainte que la question de leur responsabilité face aux agents et au public est claire… Le gouvernement souhaite s’appuyer sur les préfets et les élus locaux pour gérer son plan de dé confinement. Une logique qui semble fâcheusement se dessiner à la DGFiP.

Pour le syndicat national Solidaires Finances Publiques, si le contexte est extrêmement complexe, le processus de reprise d’activité doit être particulièrement souple et progressif. Les cadres occupent certes des fonctions à responsabilité. Mais comme les agent.es, ils ne sauraient être mis en difficulté dans cette période inédite qui en comporte déjà bien assez. Assurer son rôle oui, être responsable de tout dans l’urgence, non. La santé physique et mentale est et restera notre priorité, tout comme les conditions de travail.

Et cela concerne tout le monde, c’est à dire le collectif DGFiP c’est aussi à ce prix qu’on évitera une précipitation coupable qui n’aurait pas d’impact positif sur l’activité, qui dégraderait l’ambiance déjà fébrile et qui mettrait la santé et les conditions de travail des personnels en danger. Le service public et la DGFiP méritent mieux.