Le gouvernement a annoncé ses intentions à propos de l'évolution de la fonction publique : rémunération au mérite, recours accru aux contrats, mobilités subies, incitations aux départs, le patchchwork n'a vraiment pas de quoi surprendre au regard des positions portées par le discours « anti-fonctionnaire » auquel désormais le gouvernement se soumet de facto...

En effet, ces mesures sont connues de longue date. Elles ont déjà été débattues, proposées voire même utilisées dans certains secteurs, avec des résultats édifiants : salariat à deux vitesses, mise au rencard des fonctionnaires, pression managériale accrue, changement de nature même des missions exercées... Le « syndrome France telecom » n'a donc pas fini ses effets.

Au surplus, l'idéologie sous-jacente demeure désespérément dogmatique et figée dans le temps. Le postulat est une fois de plus d'en finir avec la Fonction publique sans tenir compte : des besoins, permanents et évolutifs, qu'elle prend en charge, du besoin d'égalité de traitement entre usagers (incompatible avec une rémunération au mérite inspirée du secteur marchand), de la continuité des missions de service public, de l'accessibilité de l'action publique, de la diversité des métiers exercés (être fonctionnaire n'est pas un métier au sens où on pourrait inter-changer les fonctionnaires sans tenir compte des missions qu'ils exercent : c'est un statut qui contient des garanties, en premier lieu pour l'usager) bref, de la nature spécifique de l'action publique. Ce postulat étant posé par le gouvernement, il ne peut que conduire à la conclusion qu'il porte lui-même : un cercle vicieux qui donne désormais lieu à des annonces brutales.

Pour un gouvernement qui prétend incarner la modernité et se tourner vers l'avenir, son projet est en réalité marqué par l'archaïsme tant dans ses principes que dans ses modalités. Il ne sera porteur d'aucune garantie en termes de qualité et de réduction des coûts du service public pour les usagers. Il se traduira immanquablement par davantage d'insécurité sociale pour de nombreux français qui, dans leurs familles, ont un ou des fonctionnaires et surtout pour les fonctionnaires et les futurs salariés contractuels de la Fonction publique.

Le gouvernement s'apprête à annoncer d'ici quelques semaines les résultats de « Cap22 », lequel conclura là-aussi, après seulement quelques mois de « réflexion » portant sur l'ensemble de l'action publique (une gageure pour ne pas dire une escroquerie intellectuelle) immanquablement qu'il faut abandonner et/ou privatiser des missions de service public. Supprimer des emplois, réduire les budgets, dynamiter le sens même de la Fonction publique pour ensuite conclure qu'on ne peut plus tout assurer, la ficelle est un peu grosse. Le gouvernement ne peut désormais plus se prétendre le défenseur de la Fonction publique, des fonctionnaires et de leurs missions.