Pourquoi s’intéresser à la dette publique ? La raison est simple et évidente : parce qu’elle joue un rôle majeur dans les politiques publiques et le « vivre ensemble ». En réalité, nous sommes toutes et tous concernés puisque les choix politiques pris pour la gérer ont et auront un impact majeur sur les services publics, la protection sociale, l’environnement, les inégalités, les revenus, le chômage, la précarité, les conditions de vie et de travail, etc. Rappelons aussi concrètement qu’aux « finances », l’austérité budgétaire, soit l’outil d’une gestion de la dette que l’on qualifiera de « néolibérale », signifie une accélération des restructurations, des suppressions d’emplois, de la déréglementation en matière de gestion des personnels, des droits sociaux et de la baisse du pouvoir d’achat, des promotions internes, etc. S’intéresser à la dette publique, c’est donc s’intéresser aux choix de société et à notre avenir, personnel et professionnel. Pour le mouvement social, il y a là un enjeu majeur en matière d’analyses, de combats et de revendications.

Quels sont donc les tenants et les aboutissants des enjeux que pose la dette publique, pour rendre possible la justice sociale, fiscale et climatique à laquelle nous aspirons légitimement. Cela est d’autant plus nécessaire et difficile que, dans un contexte très incertain lié à l’évolution et à l’impact de la crise générée par la pandémie, le début de l’année 2021 est marqué par un vif débat sur la dette publique. Les économistes qualifiés « d’hétérodoxes », c’est-à-dire opposés aux politiques néolibérales, sont en effet divisés et s’opposent sur la question de l’annulation de tout ou partie de la dette née de la crise actuelle, soit la « dette Covid » (née de la crise et des conséquences des mesures prises pour l’endiguer et soutenir l’activité économique). Ces économistes se rejoignent cependant sur le refus de l’austérité budgétaire et des néfastes « réformes structurelles néolibérales » et se positionnent ensemble pour une politique climatique ambitieuse et une fiscalité plus juste et redistributive.

Pour comprendre l’état du débat en cours et envisager des pistes de propositions, nous reviendrons ici sur les principales mesures prises face à la crise, sur la façon dont la dette est gérée et évolue, puis sur les termes du débat avant de conclure sur les enjeux auxquels nous faisons face.

2021 (et après), l'Odyssée de la dette