Solidaires Finances Publiques est signataire de cette tribune mais aussi partie prenante de ce collectif et de la campagne qui commence. En effet, aujourd'hui plus que jamais il est urgent de rappeler l’utilité, la nécessité du Service public pour le plus grand nombre. Sans services publics, il ne peut y avoir d’égalité ni de justice sociale.
Nous faisons toutes et tous le même constat : celui de la dégradation des missions quelle que soit leur nature en raison de coupes budgétaires drastiques justifiées par un seul prisme celui du Coût. Cette dégradation est continuelle depuis plus de 20 ans, elle se traduit dans l’exercice des missions, par une remise en cause des chaînes de travail, une externalisation voire privatisation mais aussi par la dématérialisation et la mise en place d'une e-administration. Elle se traduit également pour les fonctionnaires par une perte de sens dans l’exécution des missions avec la destruction des chaînes de travail. De plus, la mise en place et le développement d’un management plus statisticien que technicien amène une concurrence entre les agents et les agentes qui ne sert pas l’intérêt général et engendre un mal être et une souffrance au travail allant parfois jusqu’au burn-out.
Pour toutes ces raisons, Solidaires Finances Publiques et de nombreuses autres organisations syndicales soutiennent cet appel, pour que le Service Public « patrimoine de ceux qui n’ont rien », fasse l’objet d’un débat national et citoyen dans le cadre des prochaines campagnes électorales.
Face à la crise sanitaire, notre pays et notre système de santé n’ont tenu qu’à un fil. Au dévouement des infirmier·e·s, des aides-soignant·e·s, des médecins de l’hôpital public, parfois épuisés. Au sens du devoir des enseignant·e·s de l’école publique, qui ont accueilli les enfants dans des conditions kafkaïennes. A l’abnégation des agent·e·s des transports publics, du nettoyage, aux travailleurs et aux travailleuses sociales. La liste est longue, de ces agent·e·s et services publics grâce auxquels le pire a été évité.
Tiennent-ils encore, tiennent-ils vraiment ? Ces services publics qui font notre quotidien se dégradent depuis des années, et avec eux l’accès aux droits fondamentaux. Les premier·e·s à en souffrir ont été, nous le savons, les personnes les plus démunies, en situation de handicap ou de pauvreté. Puis, les habitant·e·s des quartiers populaires ou des territoires ruraux qui ont subi les reculs en cascade : poste fermée, puis centre des finances publiques fermé, puis classes de primaire fermées, etc… Cet effondrement touche maintenant l’ensemble de la société – sauf peut-être ceux que la grande richesse met à l’abri.
Nous, citoyen·ne·s, militan·te·s associatifs et syndicaux, agent·e·s des services publics, alertons : nos services publics ont atteint un point de rupture historique, avec la population, avec leurs agent·e·s et avec l’avenir. Rupture avec les populations d’abord. Qui voient les services publics devenir maltraitants : les délais de jugement augmentent, le surtravail des agent·e·s ne suffit plus à compenser leur manque de moyens, les guichets ferment tandis que progresse une dématérialisation à marche forcée. Rupture avec leurs agent·e·s ensuite. Le rationnement de leur temps auprès des usager.e.s rend leur mission impossible. Le mouvement perpétuel des « réformes managériales » désorganise les services. Et lorsqu’ils alertent, ils ont l’impression de prêcher dans le désert voire sont sanctionnés. Rupture avec l’avenir enfin. Quand la lutte contre le réchauffement climatique, la formation de la jeunesse ou la prise en charge humaine des personnes âgées sont subordonnées à des objectifs budgétaires et, de fait, sacrifiées.
Les services publics sont le socle de notre quotidien. Ils sont l’héritage des conquêtes sociales et des choix politiques des générations précédentes, du Conseil national de la résistance à la mise en place de la Sécurité sociale, de la nationalisation de la SNCF à la création du service public de l’emploi. De la même façon, la dégradation des services publics résulte de choix politiques. Et des décisions sont possibles pour reconstruire les services publics qu’il nous faut. Les axes du renouveau, nous les connaissons : l’accès de chacun·e, sur tout le territoire, à tous les services publics et l’égalité de traitement ; la capacité donnée aux agent.e.s de rendre un service de qualité ; la définition collective des besoins.
Il faut davantage de services publics et des services publics renouvelés. Les entreprises, associations ou collectifs de toutes sortes, aussi indispensables et efficaces soient-ils, ne sauraient remplacer des services publics, propriété de toutes et de tous. Des services publics orientés par la délibération collective, qui ne doivent de dividendes à personne et qui cherchent continuellement à répondre et à anticiper les besoins actuels et de long terme.
On nous oppose leur coût trop élevé ? Sans services publics : pas d’économie, pas d’emploi, pas d’industrie. Sans infrastructures, sans réglementation, sans éducation : pas de relocalisations, pas de circuits courts, pas de virage écologique. Sans services publics : des services privatisés plus onéreux, plus inégalitaires, plus excluants.
Les services publics sont notre avenir. Nous avons besoin de services d’énergie, de transport et d’aménagement publics pour faire face à la crise climatique et à ses conséquences. Nous avons besoin d’une Sécurité sociale forte, d’un service public du logement, de l’alimentation pour affronter la faim et la pauvreté. Nous avons besoin de services publics formés pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles et pour lutter contre toutes les formes de racisme et de discrimination.
Nous avons besoin d’une information publique, d’une justice de qualité et d’une recherche indépendante pour reconstruire la confiance dans notre démocratie. Nous avons besoin d’une protection de l’enfance, d’une école égalitaire et d’une université publique pour permettre l’émancipation de la jeunesse. Nous avons besoin d’un service public de santé pour garantir l’accès de proximité à un haut niveau de prévention et à des soins de qualité. Nous avons besoin des services publics de la culture ou du sport pour faire société. La liberté, l’égalité, la fraternité, supposent les services publics.
Nous, jeunes générations qui voulons grandir sur une planète habitable, savons que la protection du climat nécessite des manières nouvelles de décider et d’intervenir en commun. Nous, usager·e·s des services publics, qui les voyons s’éloigner chaque jour davantage de nos besoins quotidiens, souhaitons prendre toute notre part dans leur reconstruction. Nous, agent·e·s du service public, ne voulons plus avoir honte du service dans lequel nous sommes parfois contraints d’exercer et voulons retrouver la fierté de nos métiers. Nous, citoyen·ne·s aux engagements différents, appelons à cette prise de conscience urgente : les services publics ont été gravement délabrés ; leur réinvention est primordiale. Elle doit irriguer tout projet démocratique, écologique et solidaire.Les services publics craquent, les usager·e·s craquent, les agent·e·s aussi, et pourtant, jamais nous n’avons eu autant conscience de l’importance de nos services publics.
C’est pourquoi nous appelons à construire ensemble un printemps des services publics, d’échanges, de débats et d’interpellation. Nous affirmons que notre avenir est impossible sans une sauvegarde et une refonte des services publics : ils doivent s’organiser à partir des besoins actuels et futurs des populations et de la planète et nous allons en commun y travailler.
Signer l'appelLa mise en oeuvre des mesures salariales du 1er janvier 2022, avec la prise en compte de l'indice minimal de la fonction publique, indice 343, sera pris en compte avec effet rétroactif au 1er janvier 2022, sur les paies de mars 2022.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient revivre notre débat du jeudi 17 février sur le télétravail, la vidéo est disponible en "replay" ici.
Comme dans tous les secteurs professionnels, des inégalités de rémunérations entre les femmes et les hommes existent aussi à la DGFiP. L’évolution des données présentes dans les bilans sociaux et maintenant le rapport social unique, montre que les inégalités ne se résorbent pas malgré les discours de la Direction Générale.
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