Le 1er février 2018, le Premier Ministre a livré les grandes lignes de son plan de destruction de la Fonction Publique.
Faire des efforts
Le seul credo d’Édouard l’Estonien, son unique objectif, c'est bel et bien de supprimer 120 000 emplois dans la Fonction Publique.
La plupart des observateurs avisés des finances publiques l’affirment à l’unisson : les économies ainsi réalisées n’influent que très marginalement sur les sacro-saints équilibres budgétaires. Ce sont les transferts sociaux, au cœur d’un modèle social que beaucoup nous envient, qui pèsent sur ces équilibres. Rappelons au passage que c’est un choix politique historique de consacrer une partie de la richesse produite à ces transferts sociaux et au service public qui fondent le modèle social. Ce n’est pas pour rien que ce gouvernement veut aussi s’attaquer au système de retraite par répartition et à celui des pensions, tout comme il tente de torpiller la protection sociale dans son ensemble.
Comme si nous, agent·e·s publics, n’avions pas fait assez de sacrifices ?
Comme si nous, agent·e·s publics, devions être regardés uniquement comme une charge et que les missions que nous accomplissons soient considérées comme invisibles et inutiles ?
Au nom de la préservation du budget de la Nation, nous avons vu la valeur du point d’indice gelée pour de nombreuses années, notre pouvoir d'achat s'effondrer, nos effectifs fondre tandis que notre avenir s’assombrit du point de vue des promotions et des débouchés de carrière.
Le nouveau « contrat social » que nous propose le gouvernement, nous n’en voulons pas !
Au nom de l’équité entre le privé et le public, nous subissons aussi le rétablissement du jour de carence.
L’équité ?! Nul n’ignore d’abord l’innocuité de ce type de mesure. Nul n’ignore non plus que dans le privé, la plupart des employeur·e·s prennent en charge financièrement le coût du (des) jour de carence.
L’État employeur doit en faire autant.
Dans le privé encore, l’achat d’une complémentaire santé est pris en charge, à hauteur de 50 % par le patron. L’État employeur doit prendre la même part à la couverture complémentaire de ses employé·e·s… Au nom de l’équité !
Souplesse et agilité
Pour mener à bien son projet destructeur, le Premier Ministre et ses acolytes prétendent employer les mêmes logiques que dans le privé.
- Pour le dialogue social et son organisation, son modèle c'est les ordonnances sur le code du travail : en finir avec les CAP Nationales, déconcentrer au maximum des dispositifs de gestion des personnels (sous l’égide des Préfets ?), regrouper les instances (c’est la fin annoncée du CHS-CT).
- Pour le recrutement, le recours à l’emploi précaire via les contractuels.
- Pour la rémunération, le mérite.
Un seul point paraît positif : l’engagement d’un plan de formation et d’adaptation à la digitalisation, demande récurrente de Solidaires, tant au plan ministériel qu'à la DGFiP.
Ce que l’on nous promet, ce sont des services encore plus en concurrence, des personnels encore plus en concurrence, des agent·e·s qui font le même travail, dans le même bureau, sous des statuts différents (voire sans statut) et avec des rémunérations différentes. C’est aussi la préemption par des contractuels des métiers les plus attractifs et les plus qualifiés, au détriment de la promotion interne et de l’élévation des compétences et des qualifications. France Télécom, le retour, avec en prime une mobilité contrainte sous la pression d’une rémunération modulable et au mérite (ce mérite devant être assimilé à une certaine souplesse d’échine).
En réponse à ses attaques sans précédent, posons nos exigences, construisons, dans l’unité la plus large, la riposte :
- Pour une prise en compte réelle de toutes les conséquences de la digitalisation,
- pour des plans ambitieux de promotions internes,
- pour la prise en charge du jour de carence par l’État employeur,
- pour le financement de l’achat d’une complémentaire santé par l’État employeur,
- pour l’intégration du régime indemnitaire préalablement revalorisé dans le traitement,
- pour la défense des missions et du statut.