Notre bon ministre de l'Action et des Comptes publics s'est adressé à tous les agent.e.s dans un courrier qui reprend les grandes lignes de sa déclaration du 11 juillet devant les numéros 1 de la DGFiP et des Douanes.
Veut-il nous rassurer et allumer un contre-feu à la publication par les soins de Solidaires Finances Publiques du rapport CAP22 que l'exécutif voulait garder secret ? Si c'est son objectif, il ne s'y prendrait pas autrement.
A-t-il atteint sa cible ? A vous d'en juger. Pour ce qui nous concerne, nous continuerons de souligner le contexte dans lequel nous sommes, marqué par une recherche effrénée d'économie qui passe principalement par la réduction du nombre de fonctionnaires, par le transfert, l'externalisation, la privatisation, voire l'abandon de certaines missions, par la contraction des moyens budgétaires accordés aux ministères considérés soit comme non-prioritaires, soit comme recélant de potentielles suppressions d'emplois. Et Bercy est en première ligne, et à Bercy, la DGFiP.
Nous continuerons également à démontrer que la trajectoire budgétaire que la France a présentée à la Commission Européenne est jugée par cette dernière comme très fragile du fait qu'elle ne s'appuie que sur une croissance aléatoire et qu'elle n'inclut aucune (ou presque) mesure structurelle de nature à solidifier les comptes publics du pays.
C'est pour cela que les préconisations du rapport CAP22 étaient très attendues, tant au plan Européen, qu'au plan national. C'est pour cela aussi que les dites préconisations vont beaucoup plus loin que les premières pistes lancées par G.Darmanin et reprises au vol par notre Directeur Général (qui en était un peu l'inspirateur quand-même). C'est pour cela également qu'il faut les prendre pour ce qu'elles sont : des préconisations, certes, mais aussi une base sérieuse qui dessine le futur de la DGFiP et, plus largement, le modèle macronnien du service public et de la Fonction publique, y compris dans sa dimension de gestion des ressources humaines et de dialogue social. Sur ces derniers points, n'est-il pas curieux que le Secrétaire d'Etat à la Fonction publique a, dès le mois de février, alors même que les experts de CAP22 n'en étaient qu'au début de leur mission, ouvert les chantiers relatifs à la RH et au dialogue social, sur la base justement, de ce qui ressort désormais des réflexions du comité CAP22 ?
N'est-il pas tout aussi curieux de constater que la DG a largement devancé le sens des propositions de CAP22 en matière d'organisation du travail et de présence territoriale des services ?
Tout ceci pour réitérer que nous devons faire face à des évolutions idéologiques, marquées du sceau de l'ultra libéralisme et inspirées par ses théoriciens, anciens et actuels et mâtinées dans les cercles fermés des groupes de pression et de réflexion libéraux : nouveau monde et vieux projet.
Pour ce qui concerne plus directement le courrier du ministre que nous avons reçu, il reprend donc une partie des annonces du 11 juillet. Nous avons déjà commencé à communiquer sur ces sujets et nous poursuivrons notre analyse au fil de l'eau et surtout au moment où notre DG dévoilera ses plans pour la DGFiP. Arrêtons-nous cependant sur deux points.
Les budgets informatiques : ils seraient sanctuarisés, voire, nouveauté de la lettre, augmentés ? Si la sanctuarisation concerne les montants de l'année dernière, compte tenu des prévisions concernant le budget global de la DGFiP, ça signifie qu'il faudra faire des économies ailleurs, sur d'autres postes de dépenses. Quant à une éventuelle augmentation, nous attendons de voir où sera pris l'argent et à quoi, et à qui, il servira.
Les services publics dans les territoires : comment sera-t-il possible de déplacer des services des grandes métropoles vers les zones rurales ou péri-urbaines quand le DG lui-même déclare que la contraction du réseau, déjà bien entamée, va s'accélerer et se durcir ?
Quant à l'annonce d'un réseau unique de recouvrement, elle devrait être de nature anxyogène plutôt que de rassurer les lecteurs du courrier minstériel.
Bref, nous n'en avons pas fini avec les restructurations erratiques et incessantes, pas plus qu'avec les suppressions d'emplois.