Une délégation nationale de Solidaires Finances Publiques s'est rendue à Mayotte et a rencontré les agentes et agents de DGFiP, ainsi que la direction locale. Force est de constater que la situation est alarmante. Pour Solidaires Finances Publiques, il est urgent d'agir et de ne pas oublier, c'est pourquoi nous venons d'écrire à la Directrice générale.
Madame la directrice générale,
Une délégation nationale de Solidaires Finances Publiques s’est rendue à Mayotte. Ce déplacement était essentiel pour nous rendre compte de la réalité du quotidien des agentes et agents de Mayotte, et plus globalement de l’ensemble de la population.
Force est de constater que la situation est alarmante sur différents sujets, et il nous semble urgent que l’État, notre ministère et au cas particulier la DGFiP continuent à agir dans l’intérêt de la population et des agentes et agents car rien n’est réglé, bien au contraire.
Concernant la DGFIP, nous réitérons nos propos : nous insistons pour que l’intégralité de nos missions soient maintenues sur Mayotte, même si les conditions sont loin d’être réunies pour un service public de qualité. C’est aussi la volonté des collègues que nous avons rencontrés.
Suite au passage de Chido, les collègues de Mayotte ont prouvé leur engagement coûte que coûte pour maintenir l’exercice des missions et la présence de notre service public. Mais aujourd’hui de nombreuses difficultés se cumulent, dégradant un peu plus la vie quotidienne et les conditions de travail des agentes et agents.
Le manque d’eau, qu’elle soit potable ou non, dans leur habitation ou sur nos sites, devient pour eux la préoccupation première.
En effet, sur un des sites, les sanitaires sont indisponibles depuis plusieurs jours faute d’alimentation en eau. Nous savons que les responsables locaux se démènent pour trouver des solutions, mais tout ne dépend pas d’eux.
De plus, l’eau potable en bouteille est introuvable depuis plusieurs semaines dans les magasins malgré l’arrivée de containers. De l’avis de nos collègues, une sorte de marché noir de l’eau s’est mis en place. Il est impératif que la DRFiP de Mayotte reconstitue un stock stratégique de bouteilles d’eau afin d’organiser une distribution à destination de nos collègues.
Le manque de pluie n’a pas permis de remplir les réserves d’eau, et, face à cette situation, les autorités locales ont informé dès à présent d’une nouvelle crise de l’eau à partir du mois de juin. La crise de 2025 est annoncée comme plus importante qu’en 2023. Cette annonce inquiète l’ensemble de la population et nos collègues qui vivent déjà une situation plus que précaire. Le problème de l’eau venant s’ajouter à une liste déjà importante : toiture arrachée, travaux de remise en état qui durent, le manque de réseau internet, le manque d’électricité par endroits, plus de fruits ni de légumes suite à la destruction de la végétation… et tout cela à quelques semaines du début du Ramadan.
Au vu de la situation, nous pensons que la DGFiP doit d’ores et déjà anticiper cette future crise de l’eau. Nous savons que le ministère des Armées a mis à disposition, gratuitement, dans chaque appartement de gendarme, un générateur atmosphérique permettant d’avoir de l’eau potable en continu. Ce dispositif a également été installé sur les sites de la DRFiP de Mayotte. Nous estimons qu’au niveau de la DGFiP et au niveau ministériel, cette opération d’équipements pourrait être réalisée pour les agentes et les agents.
La question des transports et l’insécurité :
De nombreux collègues habitent loin de Mamoudzou, où tous nos sites sont implantés. Certains venant du Sud ou du Nord de l’île sont obligés de partir à 4h ou 5h du matin pour éviter les barrages et essayer d’arriver sans se faire agresser sur leur lieu de travail après plus de 2 à 3 heures de route. Il en est de même pour le retour, les faisant rentrer tard à leur domicile pour profiter et s’occuper de leur famille, ce qui engendre une forte fatigue physique et psychique.
Les collègues habitant sur Mamoudzou limitent leurs sorties pour aller et revenir au travail et ne sortent plus dès la nuit tombée pour éviter toute agression, et, même dans leur temps de trajet domicile-travail, ont peur de se faire attaquer quand ils transportent leur ordinateur portable. Plusieurs de nos collègues nous ont avoué venir et repartir avec la peur au ventre.
Les collègues qui habitent sur Petite Terre, quant à eux, subissent les aléas horaires des barges (2 actuellement, au lieu de 4 avant Chido).
Au vu de cette situation, Solidaires Finances Publiques demande une souplesse exceptionnelle sur la gestion des horaires pour l’ensemble des agentes et agents de Mayotte. Ces problèmes de transports et d’insécurité existaient déjà, mais se sont accentués depuis le passage de Chido. Nous savons que le projet d’un nouveau site « BOBOKA 2 » est prévu sur Mamoudzou, remplaçant le site de KAWENI.
Au regard des difficultés de transport et d’insécurité, la création de ce nouveau site au Sud de l’île aurait pour les collègues plus de sens. Solidaires Finances Publiques demande qu’une étude sur ce point soit engagée.
Assistantes sociales et psychologues :
Même si ces questions dépendent du ministère, nous réitérons la demande d’une présence à temps plein et pérenne d’une ou deux assistantes sociales sur Mayotte. La présence d’un ou d’une psychologue est aussi une urgence et une nécessité pour de nombreux collègues fortement impactés par Chido.
Égalité des droits :
Des tensions fortes existent entre agentes et agents mahorais et agentes et agents « métro ». Afin d’y remédier et de mettre fin à une inégalité de traitement, Solidaires Finances Publiques réitère sa demande pour que l’indemnité de logement versée aux seuls « métro » soit également versée aux agentes et agents mahorais.
Nous savons que la situation de Mayotte est complexe depuis de très nombreuses années.
Nous savons que la DGFiP seule ou le ministère seul ne sauront remédier à toutes les problématiques, mais nous estimons qu’ils peuvent et doivent, comme l’État s’y est engagé, agir afin d’améliorer un quotidien extrêmement difficile.
Nous restons disponibles pour suivre et avancer sur ce dossier qui pour nous reste une priorité.
Sandra Demarcq
Secrétaire générale de Solidaires Finances Publiques.