Le plan du gouvernement concernant l'avenir de la fonction publique comporte deux volets, il s'accompagne d'une stratégie de communication spécifique.

Le premier volet du « plan » est annoncé avec le recours au contrat, les plans de départs et d'autres dispositions dont le point commun est bien la remise en cause du statut de la fonction publique, statut dont les fondements constituent une garantie pour les citoyens (notamment en termes d'indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, de continuité des missions etc).
Le second volet sera bientôt annoncé dans le cadre des travaux de « Cap22 » qui prétend avoir analysé l'ensemble des missions publiques en quelques mois et annoncera en mars prochain des abandons, des transferts et des privatisations de missions publiques.

On pourrait décliner à l'envi les arguments économiques et sociaux sur l'utilité de disposer d'une action publique forte, dotée de moyens suffisants et assurant une cohésion sociale tout autant qu'un soutien à l'économie. Un constat s'impose : jamais dans la 5ème République un gouvernement n'avait porté un coup aussi rude à l'action publique.

Dans ce plan d'attaque globale, la DGFiP est particulièrement visée. Outre les suppressions d’emplois et les réductions de budget prévisibles, et outre les craintes sur l’avenir de certaines missions comme la gestion des comptes des collectivités locales, les déclarations récentes d'Edouard Philippe sur le métier de « contrôleur des impôts » (on rappellera au Premier Ministre que depuis la création de la DGFiP voici bientôt 10 ans, le corps des contrôleurs des impôts a été remplacé par celui des contrôleurs des finances publiques) et celles d'Olivier Dussopt trahissent une méconnaissance confondante des réalités.

Certes, la montée en puissance du datamining est une réalité, mais le gouvernement serait inspiré de se pencher sur ce qui existe. Tout d'abord, la montée en charge des déclarations en ligne n'a pas fait disparaître le contrôle : au contraire, les outils numériques font ressortir de nombreuses listes de données que « l'humain » traite et traitera longtemps. Par ailleurs, les agents des finances publiques utilisent de longue date les différents outils de recoupements de données et de requêtage informatique, ces opérations servant aux missions de contrôle fiscal, fortement sollicitées par l'ampleur de la fraude. Enfin, la première expérimentation du « datamining » en tant que tel a été un échec en termes de résultats, elle a aussi montré que les missions fiscales et financières ne pouvaient se passer de « l'humain ». Certes, le numérique change le travail « humain » mais il le « déplace », le fait évoluer mais ne le supprime pas.

Dans la période, on peut s’interroger sur les objectifs réels du gouvernement qui ajoute à ses mesures un « plan anti-fraude » qui bouscule la philosophie et l'organisation du contrôle fiscal.

Pour Solidaires Finances Publiques, la fonction publique et la DGFiP se trouvent à un instant clef et face à de grands dangers qui ne pèseront pas seulement sur les agents mais auront des conséquences sur le service public. Tout doit donc être mis en œuvre pour éviter une régression et une perte de sens et d'efficacité de l'action publique.