La sortie du rapport de l’Inspection générale des finances sur le temps de travail intervient fort opportunément pour le gouvernement, alors que celui-ci s’apprête à engager son projet de « réforme » de la Fonction publique, synonyme de reculs tant pour les fonctionnaires que pour les usagers.

Personne n’est dupe quant à la stratégie des pouvoirs publics : décrédibiliser pour faire passer des projets régressifs est décidément la patte de ce gouvernement. Les premiers commentaires vont bon train et alimentent, une nouvelle fois, l’idée selon laquelle les fonctionnaires travaillent moins que les salarié.es du privé. Et ce, au mépris des subtilités du rapport qui estime que 190 000 fonctionnaires travailleraient moins que la durée légale du travail, soit une proportion très marginale du nombre de fonctionnaires (et ailleurs serait-on tenté de dire, même s’il ne saurait être question ici de diviser les salarié.es entre eux).

Les agent.es de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) sont doublement dans la tourmente : si les projets du gouvernement se confirment, ils subiront tout à la fois les conséquences de la réforme de la Fonction publique (mobilité subie, régression des droits sociaux) et la destructuration de la DGFiP (fermetures de sites, suppressions d’emplois, changements de résidence, voire de travail ou d’administration).

Dans ce grand débat où tout se mélange et où les idées fausses et polémiques se succèdent, le syndicat Solidaires Finances Publiques tient à dénoncer la stratégie de la décrédibilisation et à apporter des éléments méconnus mais terriblement parlants en matière de temps de travail.

En 2017, on dénombrait plus de 1,5 million de jours placés sur les comptes épargne temps, ce qui démontre que, face à la charge de travail et à la baisse des moyens, les agent.es des Finances publiques ont effectué de très nombreuses heures supplémentaires. Pire, celles-ci sont parfois écrétées, et donc perdues pour les agent.es : en 2017, on dénombrait 400 000 heures perdues, ce qui représente près de 250 emplois à temps plein… Et encore ne s’agit-il ici que des données comptabilisées, les agent.es travaillant sous le régime du forfait étant par nature exclu.es du décompte. Or elles et eux aussi travaillent beaucoup...

Ces données montrent si besoin en était que les agent.es des Finances publiques travaillent largement plus que la durée légale du travail et qu’ils ne sont pas assez nombreux pour assurer leurs missions. On rappellera ici que 40 000 emplois ont été supprimés à la DGFiP depuis 2002 alors que la charge de travail s’est accrue. C’est l’une des raisons qui expliquent le mécontentement général qui s’est exprimé lors de la journée de grève « DGFiP » du 14 mars (près de 30 % d’agent.es en grève et plusieurs dizaines d’actions) et qui s’exprimera ce jeudi 28 mars à l’occasion d‘une nouvelle journée de grève intersyndicale à la DGFiP.