Le Président E.Macron avait dit lors de son allocution de mai dernier que le monde d’après ne serait pas le monde d’avant la crise sanitaire. Sans se bercer d’illusion, le projet de loi de finances 2021 associé au plan de relance confirme et accentue les choix politiques d’avant crise.

Un plan de relance tournée vers l’offre

En effet, contrairement aux affirmations du premier ministre, plus de la moitié des fonds versés sont destinés aux entreprises :

  • 35 milliards pour la compétitivité dont 10 milliards pour la diminution des impôts de production (20 milliards sur 2 ans). Cette mesure étant structurelle, elle a vocation à perdurer au-delà du plan de relance.
  • 9 milliards pour l'accompagnement des entreprises dans leur transition écologique.
  • 1,2 milliard pour le développement d'une agriculture plus durable et une alimentation plus saine. La portée de ce fléchage est déjà brouillée par l'autorisation qui vient tout juste d'être accordée aux betteraviers d'utiliser des pesticides interdits. Ironie des annonces gouvernementales.
  • 6,5 milliards du plan pour l'emploi des jeunes, dont l'aide de 4 000€ pour tout contrat de 3 mois minimum d'un jeune de moins de 25 ans, les primes pour l'embauche de jeunes en alternance, etc.
  • 6,6 milliards pour l'activité partielle de longue durée.

Ce gouvernement espère la création de 160 000 emplois mais le solde sera-t-il positif après les licenciements qui s’annoncent ?
Ce plan de relance n’exige aucune garantie et contrepartie de la part des bénéficiaires.
Pour contrebalancer cette politique, la communication gouvernementale déclare donner plus de pouvoir d’achat aux particuliers grâce à une baisse des impôts, notamment par la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % restants des contribuables.
A cela s’ajoutent des aides pour les ménages dans le cadre de la rénovation thermique et la prime automobile.
Si l’on peut considérer ces aides comme du pouvoir d’achat indirect pour les ménages qui font ces choix de la transition écologique, la question de la relance par la demande est complètement occultée : aucune revalorisation salariale, que ce soit pour les salarié•es au SMIC ou les fonctionnaires… Ainsi beaucoup des invisibles de la période de crise n’auront qu’une prime pour remerciement, quand ils l’ont touchée...
Pour ne pas se trahir, ce gouvernement poursuit sa politique de destruction des services publics en les exonérant de plan de relance. S’il limite la casse auprès de certains ministères avec une augmentation des crédits alloués (la Défense +1,7 milliard, la Justice +600 millions et l'Enseignement scolaire +1,4 milliard). Pour d’autres, la baisse des moyens se poursuit avec des suppressions de postes à Bercy (-2 163 postes) et au ministère de la Transition écologique (-947).

Coté financement de ce plan de relance, aucune recette fiscale nouvelle n’est envisagée. Au contraire, le dogme de la baisse de l’impôt continue et interroge sur ses conséquences en matière budgétaire et de justice sociale. En effet des choix politiques seront faits pour contenir les dépenses budgétaires, et dans un second temps le retour à un plan de rigueur aux effets dévastateurs pour le coup est connu.

Ce gouvernement n’a tiré aucun enseignement de la crise. Au contraire, il poursuit tout aussi déterminé sa voie vers une économie néo-libérale, limitant au maximum la régulation de la vie économique, au détriment parfois des citoyen•nes (comme par exemple la réintroduction des néonicotinoïdes, le devenir de la DGCCRF, de l’inspection du travail, de la lutte contre la fraude fiscale, etc).