Les raisins de la colère se multiplient partout dans le pays. Et l’approche du printemps pourrait bien être l’heure de leur cueillette et de leur fermentation.

Il y a la place et convergence d’intérêts avec les mobilisations à Bercy et en particulier à la DGFiP frappée d’un projet de grand déménagement avec la création d’agences comptables, la constitution de services départementaux (SPF, SIE, la disparition programmée des SIP…), l’accueil itinérant ou ponctuel dans les maisons de service au public, le transfert du plan cadastral à l’IGN et les conséquences de la « géographie revisitée »…

Non seulement le président de la République ignore la mobilisation des gilets jaunes qui se poursuit depuis plus de cinq mois, mais il occupe les écrans des chaînes télévisuelles d’information en continu. Celles-ci mettent en scène et surexposent un « grand débat national » dont il est pourtant difficile de prétendre qu’il mobilise les foules.
Pour tenter de freiner la mobilisation dans la rue et sur les lieux de travail sous des formes multiples, le gouvernement développe un arsenal législatif qui menace de transformer tout.e manifestant.e en potentiel casseur. Une autorité administrative, non indépendante, le préfet, a le pouvoir de restreindre le droit de manifester de manière préventive, sans qu’aucun acte répréhensible n’ait été commis. Les raisons qui alimentent un mécontentement de plus en plus généralisé sont pourtant profondes.
Elles s’ancrent dans les mobilisations des dernières années. Elles contestent fondamentalement « l’ordre libéral », celui qui allie libéralisme économique et autoritarisme dans la décision politique, celui qui libère l’Entreprise de toute contrainte liée à l’intérêt général et retire toute protection au salarié.e. Un projet somme toute qui aurait bien convenu à Louis Philippe ou Napoléon III...

Les lois Travail ont ouvert la voie en 2016 et 2017. Aujourd’hui, en plein débat national, comme si ses conclusions étaient écrites par avance, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’action et des comptes publics, Olivier Dussopt, annonce le dynamitage de la Fonction Publique et confirme la suppression de 120 000 postes d’ici 2022 !
Si le projet de loi aboutit, les fonctionnaires seront contraints au changement de poste, de résidence, d’administration voire de statut. Les instances de dialogue social seront affaiblies avec la suppression des CAP (un détachement d’office pour suivre une mission externalisée sera dès lors possible sans contrôle de la CAP),et la fusion des CT et CHSCT, le développement de la rémunération au mérite qui crée une concurrence les agent·e·s, encore accentuée par un recrutement important de contractuel·le·s. Tout ceci a certes des conséquences pour les fonctionnaires mais également pour les administré.e.s et usager.e.s du service public. Car cette flexibilité, pour les agent.e.s du service public, qui demain pourraient ne plus en être, signifie, pour celles et ceux des habitant.e.s de ce pays qui n’ont que ce seul patrimoine, la perte du droit à une vie décente et à une autonomie qui leur sont garantis par l’intérêt général contre les intérêts particuliers du capital.

Entre les revendications de justice sociale et fiscale des « gilets jaunes », celles de la journée du 8 mars pour l’égalité femme-homme, celles des agent.e.s de la DGFIP notamment les 14 mars et 28 mars, celles portées par les grévistes et les marcheurs.euses pour le climat des 15 et 16 mars et celles que portera le mouvement interprofessionnel du 19 mars dans une volonté de construire un mouvement social d’ampleur faisant le lien entre les différentes expressions d’un mécontentement commun toutes ces dates doivent égrener la généralisation de la mobilisation.

Tract solidaires finances : les raisons de la colère