La propagation de la pandémie de coronavirus met en évidence les problèmes créés par les politiques de sous-financement, de privatisation et de marchandisation au sein des systèmes de santé.

Cette crise, inattendue mais non imprévisible, a été aussi et surtout déterminée par les mesures d’austérité imposées par les politiques de l’Union européenne, à travers des recommandations visant uniquement le respect des paramètres financiers.

Les gouvernements nationaux ont procédé à une réduction des dépenses publiques, en particulier dans le domaine de la protection sociale et de la santé. Ils laissent ainsi le champ libre au marché en favorisant des protections différenciées selon le niveau social des personnes et accentuent les inégalités d’accès aux soins.

Ces choix ont entraîné la suppression du nombre de lits disponibles dans les hôpitaux de nombreux pays et en parallèle la réduction et la précarité du personnel pour atteindre les objectifs de réduction des coûts.

Les soins de santé sont devenus de plus en plus privatisés et liés au marché. On les a concentrés presque exclusivement sur la production d’un nombre toujours croissant de prestations. Des volumes d’actes élevés signifient des revenus ou des remboursements élevés, sans toutefois évaluer s’ils sont réellement appropriés. Tout cela a conduit à la création de systèmes qui se basent sur le coût artificiellement estimé de la pathologie et non sur les besoins réels de santé et les réponses à y apporter.

Face à une urgence comme celle que nous vivons, il est désormais clair que seule une intervention sanitaire hors des lois du marché, gérée et financée par le public, est suffisamment forte pour protéger l’ensemble de la population, de manière généralisée, et mener des campagnes de prévention coordonnées.

Pour cette raison, le Réseau européen contre la privatisation et la commercialisation de la santé et de la protection sociale réaffirme qu’il est essentiel, aujourd’hui plus que jamais, de créer un système de santé public européen, solide, solidaire, de qualité et accessible à toute la population. Il doit être financé par des ressources publiques, impôts ou cotisations selon les pays (c’est un débat ouvert), pour permettre une couverture universelle à 100% des besoins de santé. Un système non financiarisé, (l’argent de la solidarité ne doit pas enrichir des actionnaires mais le système lui-même), qui soit fondé sur des mécanismes de solidarité au sein de la population et entre les États européens.

Les besoins de la population dans le domaine de la protection sociale et sanitaire doivent être définis comme prioritaires dans les budgets des États membres, non soumis à des contraintes comptables et bureaucratiques. Les budgets doivent permettre de donner des réponses aux problèmes de santé aujourd’hui et dans le futur (vieillissement de la population, chronicité, handicap, fragilité sociale, santé mentale, santé au travail). C’est possible grâce à une harmonisation sociale à l’échelle européenne et à une lutte contre l’évasion fiscale, en instaurant des régimes de contribution (impôts ou cotisation) progressifs pour l’ensemble de l’Union européenne.

Cela nécessite aussi que la santé soit inscrite comme critère d’évaluation de toutes les politiques européennes.

Le 7 avril, journée mondiale de la santé, des actions décentralisées sont organisées dans toute l’Europe. Pour la cinquième année consécutive, le Réseau européen et PHM appelle les citoyens, les travailleurs de la santé, les associations… à se rassembler à l’occasion de la Journée d’action contre la commercialisation de la santé.

La pandémie du COVID-19 nous oblige à annuler tous les rassemblements et actions avec un contact physique.

Nous appelons donc chaque citoyen•ne à manifester en "propageant la solidarité, pas le virus".

Journée d'action pour la santé