Solidaires Finances Publiques dénonce depuis plusieurs années les affectations au choix et a fortiori leur augmentation. Pour les titulaires et EP/LA, les affectations au choix représentent désormais plus de 60 % des affectations (contre seulement 17 % en 2020). Par conséquent, les affectations avec les règles de gestion sont désormais minoritaires.
Lors de présentations aux inspecteurs et inspectrices des nouvelles modalités d’affectation au choix en local et au fil de l’eau, plusieurs directions locales ont annoncé la fin du mouvement national des cadres A.
Interrogée sur ce point la DG ne répond pas et renvoie au groupe de travail de l’automne sur les lignes directrices de gestion « mobilité »...
Pour Solidaires Finances Publiques, la multiplication des formations de recruteurs et de recrutés, la création et la forte mobilisation des conseillers mobilité carrière, l’annonce de la diffusion d’un flash mobilité pour les inspectrices et inspecteurs à l’image de ce qui est pratiqué pour les A+ sont autant de signaux négatifs d’une accélération du calendrier.
La DG se plaint du manque d’attractivité de la DGFiP, mais elle ne se donne pas les moyens réels d’y répondre. En effet, tant que demeureront notamment des restructurations de services incessantes, des suppressions et des vacances d’emplois, des règles de gestion des plus opaques, des déroulés de carrière non linéaires engendrant une reconnaissance financière insuffisante, des conditions de vie au travail altérées, la DG n’est pas prête de rendre attractive la DGFiP.
Au contraire, si la DG décide d’appliquer dès le niveau national le fil de l’eau et le choix, elle va diminuer les possibilités d’affectation (plus d’effet « cascades ») et des frustrations grandissantes de celles et ceux qui n’obtiendront rien et n’auront aucun espoir de rentrer rapidement.
Dans ces conditions, le risque de voir de nombreux cadres A renoncer à des promotions ou rechercher des postes hors DGFiP n’est pas à exclure.
Pour Solidaires Finances Publiques, la DGFiP n’a pas besoin de « talents » mercenaires, mais bien de personnels sous statut en nombre suffisant, pouvant se projeter dans des mobilités fonctionnelles et géographiques choisies grâce à des règles claires, équitables et transparentes.
Concernant ce mouvement général 2025, si en affichage la DG met en avant les 85 % de candidats et candidates à la mutation qui obtiennent un de leurs 3 premiers vœux, la réalité est en fait bien moins reluisante. Le taux de satisfaction global est de 54 %
Et ce taux de 85 % est optimisé au maximum. Certains collègues pour se rapprocher de chez eux, ont opté pour un poste au choix qu’ils auraient préféré classer plus loin dans leur liste de vœux s’ils avaient pu. Si bien, que le taux de satisfaction sur les 3 premiers vœux est très largement au-dessus de la réalité.
Pourtant, la DG aurait pu améliorer le taux de satisfaction si elle l’avait voulu. En effet, de nombreuses directions (42 sans compter les DNS et les directions ouvertes) affichent en termes d’effectifs un solde réel pondéré négatif inférieur ou égal à -1. Elle aurait donc très bien pu pousser son mouvement et donner davantage satisfaction à de nombreux titulaires, d’autant plus qu’avec un solde réel net pondéré de - 501, et le recrutement d’environ 1400 stagiaires, elle avait la marge de manœuvre pour le faire.
Il reste pourtant toujours des collègues en situation très difficile en attente qui doivent encore patienter avant d’espérer une mutation.
Enfin, la situation des personnels en attente pour certains départements d’outre-mer reste dramatique : sur les près de 97 collègues pouvant bénéficier d’une priorité ou d’un critère supplémentaire sur la Réunion, la Martinique ou la Guadeloupe, seuls 19 obtiennent une affectation sur l’un de ces 3 départements.
La DG a confirmé qu’elle fermerait l’accès aux stagiaires des départements non ouverts (Gers, Corse du Sud et Haute-Vienne) et ceux avec des agents bénéficiant d’une priorité relevant du code général de la Fonction Publique en attente (Ariège, Cher, Haute-Corse, Côtes d’Armor, Eure, Gard, Haute-Garonne, Jura, Mayenne, Nièvre, Deux-Sèvres, Var, Territoire de Belfort, Guadeloupe, Martinique, Réunion). Par contre, au vu du nombre important de stagiaires 2025/2026 à affecter, toutes les autres directions seront proposées aux stagiaires quand bien même des titulaires sont en attente, qu’ils bénéficient d’un critère supplémentaire ou qu’ils soient en convenance personnelle.
Solidaires Finances Publiques s’insurge contre cette position qui pénalise les titulaires.
Un mouvement encore et toujours percuté par la dissociation des mouvements des titulaires et des stagiaires en sortie d’école
L’affectation des stagiaires après le mouvement des titulaires, mais avec un effet à la même date que le mouvement général suivant rend illisible les affectations pour l’ensemble des populations.
D’abord, parce qu’il est impossible d’anticiper les vacances potentielles 1 an à l’avance. La preuve, c’est que les stagiaires pré-positionnés sur des DR/DDFiP peuvent postuler sur certains postes au choix au même moment que les titulaires !
Ensuite, du fait de l’arrivée des stagiaires et des délais de séjour allongés, certaines directions (ex. les Deux-Sèvres) sont ouvertes une année aux stagiaires et refermées l’année suivante aux titulaires, y compris prioritaires ! En Seine-Saint-Denis, avec un solde réel pondéré de +25,5, seuls des agents bénéficiaires d’une priorité peuvent rentrer !
Le pire est que la réforme de la formation, qui impacte les mouvements généraux, n’a pas amélioré la formation des agents, et pour les stagiaires qui arrivent à entrer dans leur département de choix du moment, c’est un cadeau empoisonné, car ils peuvent mettre de très nombreuses années à pouvoir en sortir, parce que trop jeunes ensuite en ancienneté administrative ! C’est particulièrement constaté pour les agents qui obtiennent un poste au choix dans une DNS ou en DIRCOFI sur leur département de priorité, et qui ne peuvent plus faire jouer ensuite leur priorité pour rejoindre la DR/DDFiP dans la mesure où ils sont déjà dans le département.
Un mouvement marqué par des déficits toujours importants sur des postes au choix dont la pertinence de ce mode de recrutement reste du coup à démontrer
Des vacances sont très importantes en DISI et en services centraux. Elles peuvent s’expliquer par le manque d’attractivité de la DGFiP pour recruter des informaticiens, car ce sont surtout des postes avec qualification informatique qui restent non pourvus.
La DG peine à recruter des informaticiens faute de rémunérations attractives par rapport au privé.
Mais ceux qui passent les concours en subissent les conséquences, car la DG peut être obligée de répartir la pénurie, empêchant certaines personnes de muter alors qu’ils sont les bons candidats, pour ne pas trop vider d’autres services.
Pour Solidaires Finances Publiques, il est impératif de rendre plus attractive la filière informatique, car il est tout aussi impératif de conserver la maîtrise de notre outil informatique en interne.
Par ailleurs, depuis 2022 pour les DIRCOFI, la DG a mis en place l’affectation au choix avec le but affiché « de mieux adapter le recrutement à l’emploi ». La conséquence est que le nombre de postes vacants DIRCOFI s’est accru. Le déficit est passé de -6 en 2021 à -33 en 2025 en solde réel au TAGERFiP (et de -48,6 en 2021 à -62,2 en 2025 en solde net pondéré) : par manque de candidats (car le poste DIRCOFI prime les postes du mouvement général pour les candidats à la mutation qui du coup s’abstiennent de le demander) ou par sélection trop poussée des DIRCOFI ?
Solidaires Finances Publiques dénonce le choix de la DG de laisser des postes vacants plutôt que d’affecter des agents qu’il faut former. Et dénonce l’impossibilité de classer les postes au choix n’importe où dans sa liste de vœux.
Quant à certaines grandes directions nationales, elles affichent des soldes nets pondérés indécents (-23,7 pour la DVNI, -17,6 pour la DNVSF, -22,2 pour le SEJF devenu ONAF), alors que la lutte contre la fraude fiscale est censée être un enjeu majeur…
Solidaires Finances Publiques a toujours dénoncé la procédure d’affectation au choix, injuste, opaque et inéquitable par nature. Entre les postes au choix et la réforme de la scolarité qui ne remplit pas ses objectifs initiaux, ce sont les services et les agents qui trinquent.
Mais la DG s’en moque, puisqu’elle applique désormais l’affectation au choix pour l’ensemble des affectations locales. Et bientôt pour l’affectation nationale ?
Des délais de séjour inefficaces et inéquitables, véritable frein à la fluidité des mouvements
L’importance des déficits sur des postes au choix peut s’expliquer aussi par l’allongement du délai de séjour à 3 ans sur ce type de poste, où les candidats y réfléchissent à deux fois avant de postuler.
Par ailleurs, ces délais sont inéquitables quand les agents bénéficiaires d’une priorité ou d’un critère supplémentaire ont droit à une dérogation pour retenter leur chance au bout d’un an tandis que les autres devront attendre 2 ans voire 3 ans (postes au choix et premières affectations).
Avec les très nombreux départs en retraite actuellement, et l’arrivée de fortes promotions de stagiaires, ces délais de séjour influent beaucoup sur ce constat que l’accès possible à un département ne devient envisageable qu’un an sur deux.
Solidaires Finances Publiques revendique la suppression de tout délai de séjour car plus vite un agent arrive vers ses centres d’intérêts professionnels, familiaux et amicaux, plus vite il y aura de stabilité dans les effectifs. Un agent bien dans son travail et proche des siens n’a aucune raison de vouloir repartir dès son arrivée !
Un mouvement toujours marqué par la pleine application des Lignes Directrices de Gestion pour les titulaires et les EP/LA… mais pas pour les stagiaires.
Comme à chaque changement de règles ou de système, il y a des collègues perdants, notamment les agents séparés ou divorcés qui demandent un rapprochement familial (notamment ceux pratiquant la garde alternée de leurs enfants), cette situation n’ouvrant plus droit qu’à un critère supplémentaire et non plus à une priorité.
Pour les titulaires en attente, dans la mesure où la DG va ouvrir aux stagiaires leur département de garde alternée, ils ne sont pas du tout certains de pouvoir rentrer au bout d’un an.
Et pour les inspecteurs stagiaires, seules les priorités sont prises en compte, et pas du tout les critères supplémentaires.
Ainsi, de nombreux titulaires et stagiaires se retrouvent loin de chez eux et doivent abandonner la garde alternée, et le plus souvent la garde tout court. C’est un choix cornélien qui pèse sur ces collègues.
Pour Solidaires Finances Publiques, la dissociation des mouvements génère trop d’inéquité entre titulaires et stagiaires, entre bénéficiaires d’une priorité ou d’un critère supplémentaire et celles et ceux qui en sont dépourvus, sans pour autant résoudre les difficultés des services.
C’est pourquoi pour Solidaires Finances Publiques, les urgences sont :
- d’abandonner la réforme de la formation initiale qui met à mal les possibilités de mutation sans améliorer la qualité de la formation, et de revenir à l’intégration de toutes les premières affectations dans le mouvement général.
- de mettre fin aux suppressions d’emplois et restructurations qui conduisent à la limitation des postes offerts en mutation choisie.
- de supprimer les délais de séjour supérieurs à 1 an qui empêchent la fluidité des mouvements.
- de supprimer le mode d’affectation au choix qui fait primer l’opacité sur les règles de droit commun connues de tous, et est un frein au comblement de certains postes vacants
- de rendre attractives les missions informatiques pour conserver en interne la maîtrise de l’outil informatique au lieu de recruter des contractuels ou d’externaliser la mission.
- de créer des emplois statutaires partout où c’est nécessaire et de mieux répartir les charges/emplois
- de supprimer l’affectation au département qui conduit à accentuer les vacances sur des départements entiers au lieu de limiter à quelques résidences moins attractives
- d’affecter les A titulaires et stagiaires nationalement sur des résidences-missions-structures.
Pour Solidaires Finances Publiques, avec 21 départements fermés ou avec des prioritaires en attente (contre 14 en 2024 et 11 en 2023), et environ 1400 stagiaires à affecter, aucun recrutement contractuel (hormis ceux liés au handicap) ne devrait intervenir en 2025-2026!
Dans le cas contraire, la DG bloquerait sciemment les futures mutations des titulaires !