Un groupe de travail ministériel s’est tenu le vendredi 10 septembre 2021. A cette occasion, le Secrétariat général a présenté le chantier qu’elle lance avec les directions du ministère concernant la stratégie d’acculturation au numérique des agents du MEFR.
Le ministère impulse l’acculturation au numérique
Pour le ministère, l’évolution des pratiques et des usages liés à la transformation numérique nécessite un accompagnement fort des agentes et des agents à l’acculturation au numérique. Pour cela, l’administration annonce la mise à disposition de formations et d’outils numériques adaptés.
Cette stratégie ministérielle d’accompagnement au numérique repose sur un plan d’action articulé autour des 5 axes suivants :
- évaluer les compétences numériques des agents ;
- impliquer les agents et les agentes par des actions de communication sur les enjeux et usages du numérique ;
- faciliter l’accès à la culture numérique ;
- concevoir une offre de formation adaptée aux agent·es et aux managers ;
- développer un environnement favorisant l’innovation RH et l’appropriation des outils numériques.
Ce chantier stratégique est co-construit avec les directions, en partenariat avec l’IGPDE, et a notamment conduit à la création du portail Bercy numérique et du passeport numérique.
Dans l’immédiat, le ministère nous a annoncé, alors que les directions étaient visiblement assez silencieuses sur l’état d’avancement du chantier, sa volonté de renforcer l’inclusion numérique. Celle-ci passe par des actions renforcées de formation afin de favoriser la montée en compétences des personnels dans le domaine du numérique. Dans ce cadre, le ministère a lancé début 2021 le parcours apprenant, compétences numériques «PAC-Num».
Pour Bercy, il s’agit d’un dispositif personnalisé d’évaluation des compétences et d’accès aux formations les plus adaptées aux attentes et aux besoins «métiers» des 132 600 agentes et agents du MEFR.
Il se déclinera autour des livrables suivants dès 2021 :
- mise en place de questionnaires d’évaluation en ligne (parcours PIX) des compétences numériques de chaque agent du ministère ;
- développement de ressources pédagogiques innovantes par l’IGPDE («jeux sérieux», «micro learning») ;
- modalité de formation ou d'apprentissage en ligne via des séquences courtes de 30 secondes à 3 minutes, utilisant texte, images et sons-packs de formation à distance,..., permettant la mise en commun d’une offre de formation hybride tant en matière de culture numérique que bureautique ou sur des thématiques nouvelles (sécurité informatique et montée en compétences sur les outils collaboratifs).
Amorcer le virage du numérique quoi qu’il en coûte pour les agentes et agents !
Le Secrétariat général nous a annoncé le déploiement opérationnel immédiat de deux parcours PAC-Numa démarré en 2021 et nous avons ainsi découvert que certains services de la DGFiP (soit 20 000 agents) sont concernés et seront amenés à tester trois questionnaires d’évaluation en ligne adaptés à des compétences ciblées, sur les thématiques «outils, sécurité et usages du web» de l’outil PIX.
Ce dispositif concernera également sans délai l’ensemble des 2 400 agent·es du Secrétariat général.
A notre grande surprise, le Secrétariat général nous a précisé que la DGFiP avait décidé que cette opération d’autotest des compétences serait obligatoire pour les 20 000 agentes et agents concernés et rattachés aux directions suivantes : DINR, SARH, ENFiP (stagiaires, formateurs et administratifs), les Directions relevant de la DI Centre-Est et la DDFiP du Haut-Rhin. Par la suite, elle sera étendue à toutes et tous.
Face à notre interpellation sur le côté obligatoire de ce module d’autotest, le Secrétariat général a relativisé le côté obligatoire, précisant qu’il n’y avait aucune sanction de prévue pour les personnels qui ne répondraient pas à l’invitation. Par ailleurs, en réponse à nos questionnements, le SG a insisté sur le fait que les chef·fes de service n’auraient nullement connaissance des suites données à ces tests et que seuls les conseillers formation seraient destinataires des évaluations.
Ce qui ressort de cette information, c’est l’opacité directionnelle entourant ce chantier et surtout, le fait que la DGFiP ait décidé, unilatéralement, de rendre obligatoire, un autotest sur les compétences numériques. Connaissant les dérives parfois qui entourent les pratiques RH, les gages de neutralité donnés par le Secrétariat général n’engagent que ce dernier et il est urgent que la DGFiP soit claire sur la finalité qu’elle entend donner à ces questionnaires. Il est dès lors indispensable que la Direction générale et les directions concernées ouvrent sans délai et à leur niveau une concertation nationale afin de clarifier les dispositions prévues.
Pour Solidaires Finances Publiques, ce questionnaire ne doit nullement emporter des conséquences négatives pour les personnels qui ne répondraient pas ou pas totalement aux attentes en matière de compétences numériques. La question de l’évaluation n’est pas inutile, mais celle-ci ne doit servir qu’à alimenter un parcours de formation complémentaire, laissé au libre choix de l’agente ou de l’agent, et nullement profilant pour la suite de son parcours de carrière.
Face aux objectifs de l’administration, on ne doit rien lâcher sur les enjeux et les valeurs !
Les objectifs affichés concernent :
- Une meilleure identification des besoins professionnels. Si nous pouvons partager cet objectif, par contre, nous ne pouvons partager l’idée d’inscrire dans le paysage une logique structurante au plan RH de l’évaluation des niveaux de compétences numériques de chaque agent ;
- Un accompagnement personnalisé de proximité débouchant sur des actions de formation adaptées. Nous ne pouvons que souscrire à cette orientation, mais cela ne doit pas se faire au détriment des autres offres de formation. Cela doit intégrer des formations en présentiel et surtout, des moyens adaptés doivent être mis en œuvre pour facilité l’accès à la formation et la couverture des frais engagés à ce titre ;
- Développer des outils favorisant la montée en compétence de tous les profils d’agents dans le domaine numérique. Sur ce point, nous attendons plus de précisions de la part de l’administration.
En conclusion, la détermination de l’administration à verser les agentes et les agents dans le grand bain du numérique ne doit conduire à leur imposer des modes d’organisation, les amenant progressivement vers des conditions de travail en mode dégradé. De plus, comme nous l’avons rappelé avec force lors de ce groupe de travail, le numérique n’est qu’un outil à côté d’autres outils et approches, et il est dès lors fondamental de maintenir et de garantir un accès DGFiP multicanal, de proximité, et largement à l’écoute de l’humain.