Le vendredi 15 septembre s'est déroulé un Groupe de travail "informatique" plus spécifiquement dédié à l'intelligence artificielle et à la transformation numérique à la DGFiP.
Propos liminaire
Monsieur le Président,
Nous siégeons aujourd’hui dans ce qui est pour nous un premier groupe de travail portant principalement sur les conséquences de l’IA et de la transformation numérique sur la DGFIP, l’exercice des missions, les conditions et collectifs de travail.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous venons d’apprendre qu’un séminaire portant sur l’assistance de proximité allait se tenir dans les prochaines semaines. Or et d’après nos retours, certaines pistes de réflexion envisagées dans le document préparatoire à destination des participant.e.s sont pour le moins équivoques. Si nous pouvons comprendre la possibilité d’une réflexion en la matière, elle se doit toutefois de respecter certains fondamentaux pour nous intangibles comme la spécificité géographique et technique. Vous connaissez ce que nous portons et défendons depuis plusieurs années maintenant, à savoir le maintien et le renforcement des SIL, CID et AT dans leur intégrité, dans leur différence métier. Pour nous chaque structure est importante et se doit de garder sa spécificité.
Dans la même lignée, nous avons également appris qu’une réflexion sur la refonte des concours informatiques est à l’étude, nous aimerions en connaître le contenu.
Pour en revenir aux différents points qui nous concernent plus directement aujourd’hui, pour Solidaires Finances Publiques, les thèmes de ce groupe de travail sont aujourd’hui au cœur du fonctionnement de notre administration et de ce fait d’une importance vitale pour les agents et agentes de la DGFiP.
Depuis des années, la DGFIP se flatte d’être une administration modèle et motrice en matière de procédures dématérialisées et de transformation numérique. Au risque d’ailleurs de brûler les étapes et de laisser sur le bas-côté beaucoup de nos concitoyens, voire d’agents de notre administration.
À Solidaires Finances Publiques, nous ne sommes pas opposés aux évolutions technologiques. Toutefois, nous voulons que le rythme et la forme de leurs introductions soient adaptées à la fois aux besoins et aux attentes de la société, mais également aux conditions d’exercices des missions de nos collègues. Ceci pour que la qualité du service rendu reste une marque de fabrique de notre administration.
Ainsi nous considérons que contrairement à l’idéologie véhiculée aujourd’hui, l’économie du numérique n’est ni inéluctable, ni systématiquement source de progrès social sauf bien sûr si on laisse se diffuser dans la société cette croyance erronée en un techo-solutionnisme source de tous les bienfaits.
Ainsi, il est indéniable que la DGFiP, administration stratégique et régalienne de l’État, s’est inscrite avec zèle dans l’orientation politique de ces dernières années. Pour nous, celle-ci se caractérise par un désengagement progressif des services de proximité en recourant au développement du numérique, à la digitalisation des missions et l’informatisation, à marche forcée, des chaînes de travail.
À ce titre nous constatons que l’automatisation et la digitalisation des tâches tendent à impacter un public de plus en plus large. Nos collègues ne sont pas épargnés et les bouleversements engendrés sur les carrières, l’exercice des missions, sont prégnantes.
L’ambition numérique affichée par notre administration s'impose aussi aux usagers par l'obligation de recourir aux téléprocédures, mais aussi par les réglementations et les textes qui régissent leurs obligations en matière de fiscalité, de dépenses publiques, etc.
Nous considérons et constatons que la numérisation conduit fondamentalement à une modification substantielle des missions effectuées par les personnels de la DGFiP dans leur ensemble.
La digitalisation actuelle des chaînes de travail est pensée uniquement en terme idéologique, d’économies budgétaires et de gains de productivité et non en termes d’amélioration de la qualité d’exercice des missions et des conditions de travail.
De plus et à aucun moment, cette numérisation n’a fait l’objet d’une réflexion globale sur la transformation des missions et de l’exercice de ces dernières. Pour Solidaires Finances Publiques cette transformation doit se faire en concertation avec l’ensemble des agents pour qu’ils se réapproprient leur travail et retrouvent leurs repères.
À ce titre nous regrettons que les groupes de travail sur la transformation numérique tel qu’ils existaient jusqu’en 2020 ne soient plus d’actualité et aient été abandonnés. Si nous n’étions pas forcément en accord avec vos axes d’étude, ils permettaient aux représentants des personnels que nous sommes d’avoir un minimum d’informations sur les projets en cours ou futurs. Aujourd’hui au vu du contexte actuel et des évolutions rapides, il nous semble donc qu’un tel moment d’échange doit être remis dans le calendrier.
De manière plus globale, à ce titre, nous considérons que le groupe de travail qui se tient aujourd’hui n’est qu’un échange préparatoire qui se doit de fixer les grands axes de nos prochaines rencontres.
Nous devrons ainsi interroger les technologies du numérique, analyser dans le détail leurs conséquences tant pour les personnels en termes d’organisation et de conditions du travail que pour les usagers en termes d’accessibilité au service public. Nous considérons que le travail à mener sera de sérier les conséquences :
- sur le travail quotidien des agents via les points portant sur l'intensification du travail, la perte d’intérêt et de sens au travail, la standardisation du travail, le dessaisissement des agents de leur capacité d’agir, l'évolution des interfaces de travail, les décisions sur leur travail.
Ceci bien entendu mission par mission voire service par service; - sur les usagers et usagères (particuliers, professionnels et collectivités) : il est urgent de prendre en considération que le tout numérique continue d’éloigner encore un peu plus une partie de la population de l’accès au Service Public et accentue les inégalités sociales comme la tristement démontré l’épisode de GMBI cet été.
Ainsi à l’inverse de votre présentation qui part d’un postulat pour expliquer le besoin, nous souhaitons nous partir de la réalité du terrain, des attentes et du ressenti des agents et des utilisateurs afin de voir quels sont leurs besoins réels pour accomplir leurs tâches et leurs missions le mieux possible.
Nous considérons que seuls ce cadre et cette démarche pourront permettre au progrès technologique d’être au service de la mission et des agents des Finances Publiques, et de permettre à nos collègues de retrouver un véritable sens et intérêt à leur travail au quotidien.
Vous avez compris, Monsieur le Président, que plus que de nous convaincre qu’une campagne de sensibilisation au numérique ne peut être que bénéfique aux agents, nous voulons aller beaucoup plus loin et attendons de la part du Directeur général aujourd’hui l’ouverture d’un cycle de discussions sur les conséquences de la dématérialisation, et ceci pour l’ensemble des missions et services de la DGFiP.