Notre administration n’est pas encore morte que les prédateurs et fesse-mathieu commencent à roder et pointent leur nez pour voir s’ils peuvent la dépouiller et participer au festin. Nous venons d’apprendre que dans la lignée de l’annonce de Philippe Wahl le 19 mars dernier, La Poste se mettait en ordre de bataille pour fournir une aide à la télédéclaration pour tout contribuable en faisant la demande.

Ce « service » ne sera évidemment pas gratuit, mais se fera contre espèces sonnantes et trébuchantes. Ainsi, en quelques mots, le contribuable voulant bénéficier du service appellera tout d’abord un centre d’appel. Celui-ci devra s’assurer que la personne a bien tout le matériel informatique nécessaire pour faire la démarche sur internet et lui fixera un rendez-vous. Un contre-appel sera auparavant pratiqué pour être sûr que le contribuable est bien disponible à la date prévue. Le « facteur » viendra et pourra aider le particulier lors de la création de son adresse mail et de son accès à impots.gouv.fr. Il présentera l’espace fiscal ainsi que les différentes rubriques et expliquera l’environnement de la télédéclaration… (sic…). Cette aide pourra se terminer par une courte information sur le prélèvement à la source et une présentation des moyens de paiements via internet avant bien sûr le règlement de la prestation. Une durée de 45 min est prévue par les services postaux.

Comprenons-nous bien : nous avons toujours été solidaires des difficultés des agents et des combats syndicaux de La Poste. Nous pouvons tous comprendre qu’ils essaient eux aussi de se sauver. Le problème est autre : la responsabilité des pouvoirs publics est pleinement engagée puisqu’ils réduisent l’action publique et créent les conditions d’une « compétition » dévastatrice et inacceptable.

Au reste, La Poste n’est pas seule sur ce créneau. Des start-up se précipitent également pour avoir leur part du gâteau moyennant là-aussi rétribution bien sûr…

Solidaires Finances Publiques a constamment dénoncé le fait que le « tout démat' » allait inévitablement poser des problèmes à une part importante des contribuables. Nous nous sommes, à l’époque, fait traiter de rétrogrades et de passéistes. En niant la réalité et les besoins du public, en ayant comme seule priorité une logique comptable, en supprimant des postes sans aucune réflexion, nous savions que des problèmes allaient se faire jour en matière d’accueil et de conseil du public.

Voilà donc où on en est… Après 15 ans de suppressions d’emplois, avec plus de 37 000 emplois supprimés, la DGFiP ne serait plus en mesure d’aider et d’accompagner la totalité des contribuables dans leurs démarches ! Il est inacceptable que des sociétés privées fassent payer un service que l’administration rendait gratuitement au prétexte qu’à l’heure actuelle on ne serait plus en capacité de remplir nos missions premières… Stop, cela suffit !

Quelles solutions : tout d’abord nous exigeons que notre administration soit dotée de tous les besoins humains et budgétaires pour accueillir et conseiller dans de bonnes conditions l’ensemble des contribuables qui ont besoin de nous, et ceci, quelles que soient leurs résidences. Comme chacun doit avoir la possibilité et la liberté de rencontrer un agent des Finances Publiques près de chez lui. Il faut que les besoins du public, en matière d’accueil et de renseignements, soient prioritaires et passent avant toute logique budgétaire. Il faut inverser ce mouvement aberrant et destructeur !

Ensuite il faut arrêter d’imposer à tout-va dématérialisation et télépaiement ! Non, internet n’est pas la panacée, ni la solution ultime qui résoudra tous les problèmes humains ou budgétaires. Tous les contribuables doivent avoir la liberté de pouvoir déposer ou payer avec les moyens de leurs choix.

Et n’oublions pas que, pendant ce temps, des inspecteurs de l’IGF en sont à mesurer combien de temps prend la saisie d’une déclaration ou d’un paiement en espèce pour nous supprimer encore des emplois…mais aussi des missions !