Le projet du nouveau réseau de proximité : un projet de dynamitage de la DGFiP
Comme pour l'ensemble des personnels de la DGFiP et en votre qualité de cadres supérieurs (que vous soyez comptables, administratifs, chefs ou adjoints), c'est votre avenir tant professionnel que personnel qui est en jeu avec ce projet.
- Les SGC, les SIP et les SIE les plus importants semblent promis à des AFIP : alors, quelles perspectives de carrière, quelle valorisation de carrière pour les actuels chefs de service et les actuels adjoints ?
- S’agissant des promotions et des déroulements de carrière, actuellement les AFIPA, les IP et les IDIV bénéficient de quotas. Demain, qu’en sera-t-il ?
- Les 6 années de garantie de maintien de la rémunération ne sont qu'une solution de court et moyen termes et ne règlent en rien le blocage des carrières.
- Avec des repositionnements éloignés du domicile, quelle qualité de vie ? (articulation vie professionnelle / vie personnelle).
- Dans un contexte de fortes suppressions d'emplois et d'ouverture du recours au contrat, quel avenir professionnel et géographique pour les A+ ?
- Dans le nouveau schéma des trésoreries, l’élu sera « écartelé » entre le comptable du SGC et le conseiller. Quelle articulation dans l'exécution des missions ? Quid de la RPP ?
- Les actuels responsables de SIP, de SIE et leurs adjoints n'ont même pas de porte de sortie. Peuvent-ils espérer autre chose que de devenir les collaborateurs des AFIPA, eux-mêmes adjoints des responsables AFIP des structures comptables ou administratives de 50 personnes voire plus ?
Pour que chacune et chacun mesure bien la teneur du séisme qui se prépare, Solidaires Finances Publiques publie ci-après le témoignage qu'il a reçu d'un cadre A+.
« J'ai attendu un peu après l'annonce de la disparition de ma trésorerie pour un peu prendre du recul, la colère n'est jamais bonne conseillère.
Par un simple message électronique du directeur départemental dans la soirée du 6 juin, la nouvelle est tombée pour les comptables du département, l'ensemble des trésoreries va être supprimé, ne subsisteront que 3 services de gestion de comptabilité et 2 trésoreries spécialisées. Le message lapidaire du directeur était accompagné d'une carte des implantations futures sans autre explication. Les journaux locaux étaient déjà informés par la DG puisqu'ils ont publié le lendemain un article suivant un plan de communication bien établi que nous découvrirons par la suite.
Comme l'ensemble des comptables, j'ai alors ressenti tout le mépris dans lequel nous tient une direction générale hors sol complètement coupée des réalités du terrain et qui s'imagine pouvoir faire passer une réforme aussi importante sans sa hiérarchie intermédiaire. C'est le niveau zéro en matière de communication interne mais cela a-t-il seulement effleuré les esprits supérieurs qui nous dirigent !
Ce plan de communication a été reçu par les agents comme une véritable provocation. Il a été largement relayé par le directeur départemental qu'on allait offrir un meilleur service à l'usager en multipliant les points de contacts grâce à la mise en place de maisons France Services et alors que les élus n'ont pas été informés à l'exception des plus importants.
Tout le monde sait que ce plan de communication ne cache en fait qu'un vaste plan social de concentration des services de la DGFIP allant vers un moindre service à l'usager. Les élus locaux avec lesquels nous travaillons tous les jours ne sont pas dupes et commencent d'ailleurs à réagir. Les agents de la DGFIP se sont pourtant investis avec une conscience professionnelle hors du commun dans l'accueil des usagers. Nous gérons les contribuables d'un quartier difficile, et ces usagers fragiles (sans internet et souvent sans moyen de locomotion) vont se trouver abandonnés alors que malgré les suppressions d'emplois qui nous ont été imposées, les agents ont donné jusqu'ici le meilleur d'eux-mêmes pour assurer le service public.
Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est le sort des agents du poste à qui j'ai dû annoncer la nouvelle dès le lendemain de l'annonce du directeur sans éléments de communication (sur les garanties offertes aux agents par exemple...). Ceux-ci n'ont pas manqué de me demander ce qu'ils allaient devenir (changement de métier, de résidence voire de domicile personnel...) et auxquels je n'ai pu apporter aucune réponse. Je me suis senti bien seul et j'ai ressenti leur grand désarroi.
Sur le plan purement personnel, j'éprouve une grande rancoeur contre mon administration. Alors que j'étais cadre administratif de la filière fiscale, l'administration ne m'offrant d'autre choix pour évoluer dans ma carrière que de prendre un poste comptable, j'ai enfin obtenu au début de l'année 2018 une trésorerie mixte à plusieurs centaines de kilomètres de mon domicile d'alors. J'ai quitté ma zone de confort, en emmenant mon conjoint qui exerce une activité libérale et qui a dû se refaire une clientèle. J'ai dû faire l'effort de me former à la gestion publique et j'apprends que la DGFIP va passer d'une administration de cadres comptables (95 % de comptables - 5 % d'administratifs) à une administration de cadres administratifs (40 % de comptables - 60 % de cadres administratifs) et que ma trésorerie va être supprimée. Or, à aucun moment, cette évolution n'avait été présentée aux cadres qui auraient pu faire d'autres choix de carrière.
Dans ces conditions, comment s'étonner que les cadres ne se reconnaissent plus dans cette administration qui est devenue incapable de donner un éclairage sur l'avenir de la DGFIP et de développer un dialogue social digne de ce nom. Ce manque de loyauté de la direction générale envers ses cadres qui ont toujours servi dans la plus grande loyauté est durement perçu y compris par certains directeurs départementaux à qui la direction générale fait perdre toute dignité en cautionnant un simulacre de concertation avec les services et les élus locaux alors que tout a déjà été décidé à Bercy.
Pauvres agents et pauvre DGFIP ! »