Emmanuel Macron et son gouvernement veulent manifestement en finir avec la fonction publique et les droits des fonctionnaires. Après des années de travail de sape durant lesquelles on a entendu tout et n’importe quoi, ils estiment que le « terrain est prêt ».

Le projet de loi visant la réforme de la fonction publique, et les nombreux projets de restructurations de nombreuses administrations (au premier rang desquelles la Direction générale des finances publiques) visent à introduire une « flexi-insécurité » pour un service public « low cost ». Personne ne bénéficiera de cet alignement vers le bas.

Il importe aussi de répondre aux nombreuses idées fausses qui circulent sur les fonctionnaires. Ce sont elles qui permettent au gouvernement d’enlever des droits aux fonctionnaires après avoir détricoté le droit du travail, preuve que s’attaquer aux fonctionnaires ne profite pas aux salariés du privé. Or, si personne ne peut prétendre que l’immense majorité des salariés du privé est privilégiée, personne ne peut non plus prétendre que les fonctionnaires sont des privilégiés. Les véritables privilèges sont ailleurs que dans cette mise en compétition mortifère. Et si l’on se livre au petit jeu des comparaisons, il est facile de voir qu’elle ne rime pas avec « raison »…

Fonctions publiques

Secteur privé

Effectifs et structures des emplois
On dénombre 5,45 millions d’agents de la fonction publique (tous statuts et fonctions publiques confondus) dont 1,9 millions de cadres A, assimilés aux cadres du secteur privé dans les comparaisons, soit une proportion de 34,8 %. On dénombre 18 millions de salariés dans le « privé » dont 3 millions de cadres pour l’association pour l’emploi des cadres et 3,5 selon la caisse de retraite complémentaire Agirc. Soit une proportion se situant entre 16,6 et 19,4 %.
La proportion de cadres beaucoup plus élevée dans la fonction publique explique les différences en matière de salaires et de retraites, même si celles-ci sont plus faibles qu’on ne l’entend parfois.
Quels salaires ?
En 2015, tous statuts confondus (fonctionnaires, contractuels), un salarié gagne en moyenne en équivalent temps plein 2 495 euros nets par mois dans la fonction publique de l’État, 2 239 euros dans la fonction publique hospitalière et 1 891 euros dans la fonction publique territoriale.
Ces écarts reflètent les différences de structures d’emploi entre les fonctions publiques, notamment les répartitions par catégorie statutaire.
En 2015, le salaire mensuel moyen en équivalent temps plein (EQTP) d’une personne travaillant dans le secteur privé ou dans une entreprise publique est de 2 250 euros nets des cotisations et contributions sociales.
Le salaire net médian en EQTP s’élève en 2015 à 1 797 euros par mois.
La fonction publique affiche une moyenne un peu plus élevée mais elle dispose d’une proportion de cadres beaucoup plus élevée que dans le secteur privé qui explique cet écart apparent.
Quelles retraites ?
Le taux apparent de 75 % calculé sur les 6 derniers mois ne doit pas faire oublier qu’il ne porte pas sur le régime indemnitaire ni que certaines règles sont moins favorables (les majorations de trimestres pour enfant pour les pensions des femmes par exemple). Le taux de remplacement de 50 % est calculé (malheureusement pour les salariés du privé) sur les 25 meilleures années au lieu de 10 avant la réforme de 1993. Mais il faut aussi y ajouter les retraites complémentaires.

Pour les retraités de la génération 1946 ayant effectué une carrière complète, le taux de remplacement médian s’élève à 75,2 % dans le privé contre 73,9 % dans le public. Dans ce même champ, un quart des pensionnés du privé ont un taux de remplacement inférieur à 66,8 %, contre 65,3 % pour les pensionnés du public, et un autre quart bénéficient d’un taux de remplacement supérieur à 84,1 %, contre 81,6 % dans le public. 

« À carrière complète, les hommes et les femmes ont des taux de remplacement médians proches dans le privé comme dans le public » (COR).

Le statut, un privilège ?
La précarité existe dans la fonction publique avec des emplois hors statut. Enfin, le statut n’a jamais empêché les adaptations et la mobilité (plus forte que dans le secteur privé) : ni le statut ni les garanties ne constituent un obstacle aux évolutions.
Au reste, précariser la fonction publique n'améliorera ni le service public ni la situation des salarié-e-s du privé.
Pour les salariés du privé, supprimer ou remettre en cause le statut de la fonction publique ne se traduira par aucune amélioration. Pire, cela accentuerait le mouvement global de régression.
Le statut relève d’une conception de la fonction publique qui constitue une garantie pour l’ensemble des citoyens et usagers car elle permet notamment le respect de principes fondamentaux (comme la neutralité ou l’indépendance par exemple).

(Source des données chiffrées : INSEE 2018 et Conseil d’orientation des retraites)