Drôle d’impression qui se dégage de cette allocution présidentielle, beaucoup de belles paroles, de beaux sentiments, mais une grande impression de creux, avec cependant quelques annonces concrètes mais... d’autres en creux faisant craindre un monde d’après qui pourrait malheureusement ne pas correspondre aux jolis mots.
Si le territoire français est dorénavant placé en zone verte, hormis Mayotte et la Guyane, la couleur rouge risque d'être de mise sur le plan économique et social...

Le Président de la République a déclaré qu'il serait nécessaire de faire un bilan, « de tirer toutes les leçons » vantant notre modèle social, protecteur dans la période, en même temps il annonce qu'il faut accélérer la reprise, faire repartir pleinement l’économie.

Ainsi pour relancer, E. Macron a annoncé la réouverture totale des établissements de la restauration et de l’hôtellerie, la réouverture des frontières, y compris hors Europe à compter du 1er juillet.
A compter du 22 juin, crèches, écoles et collèges ré-ouvrent à l’ensemble des élèves, le monde économique pourra ainsi profiter de l’ensemble de son personnel, en respectant les règles de distanciation physique.
Il trace plusieurs caps : retrouver une indépendance, une économie forte, écologique et solidaire, sauvegarder les emplois et en créer dans des secteurs permettant d’acquérir une indépendance en matière technologique, agricole, écologique : production respectueuse du climat, soutien de l’industrie verte tournée notamment vers la mer, l’isolation des bâtiments, développer des transports moins polluants. Il annonce un pacte productif, terme qui confirme le choix économique d’une politique d’offre dont il amorce déjà les contours : produire et travailler plus et sans augmentation d’impôts, ainsi les revendications du MEDEF sont entendues. Et le retour à l'ancien monde est imminent justifié par l'augmentation de la dette.

La lutte contre les inégalités n’est pas à l’ordre du jour puisque les salariés seront les grands perdants : larges négociations au sein des entreprises afin de préserver l’emploi : temps de travail, salaires, etc. Tout est négociable... Ce sont eux qui vont financer en grande partie la reprise économique et le paiement de la dette, puisque rien n’est prévu, ne serait-ce qu’une contribution exceptionnelle sur le patrimoine des 1 % des plus riches, qui pourrait rapporter environ 10 milliards d’euros de recettes supplémentaires. C’est aussi le cas de ne pas supprimer certaines niches fiscales inutiles ou anti-écologiques, comme par exemple la « niche Copé » et le «régime mère-fille», les exonérations de taxe carbone pour les grandes entreprises. Ces trois niches représentent respectivement en 2018 un manque à gagner d’environ 7 milliards, 18 milliards et 2 à 3 milliards d’euros.
Qu’adviendra t’il de ce choix de la politique de l’offre si la demande ne suit pas, après des baisses de salaires et un chômage accru ?

Pour faciliter le passage au monde de demain qui sera ancien, le Président s'appuiera sur la libération des points de contraintes (qui peuvent, selon le gouvernement, être néfastes à la vie économique). Ainsi, il est nécessaire de trouver de nouveaux équilibres dans l’organisation de l’État, libérer et responsabiliser les hôpitaux, les universités, les communes, etc.
Ces orientations risquent, dans leur traduction, de retirer petit à petit l’esprit d’unité nationale et valider un désengagement plus important de l’État.

Pour construire ou déconstruire le monde d'hier déjà mal en point, le Président de la République entend faire des consultations larges avec le gouvernement, le parlement, le CESE, les corps intermédiaires etc. Cela se rapproche du grand débat national suite au mouvement des Gilets jaunes qui n'a été qu'illusion...
Ainsi cette allocution reprend les recettes anciennes, la crise Covid-19 ne sera qu'un accélérateur des réformes déjà au programme en amont de la crise sanitaire. Rien ne change dans le monde vu par les libéraux.