La crise économique, politique, sociale, environnementale et sanitaire désormais que nous traversons confirme avec acuité la nécessité d'une action publique forte. Elle remet sur le devant de la scène le sens de l'intérêt général autant que les bienfaits de la solidarité.
Elle requiert qu'enfin les pouvoirs publics sortent concrètement de leur posture économiste et libérale, pour répondre enfin réellement à la satisfaction des besoins exprimés à renfort de mobilisations.
La gestion de la crise sanitaire qui frappe le pays n'indique malheureusement pas un tel changement de paradigme. La chute des cours, de la bourse et des prix du pétrole, comme la situation, certes préoccupante de l'économie soumise aux contraintes des mesures sensées enrayer l'épidémie en cours, semble bel et bien prendre le dessus sur les considérations de santé publique. Ainsi, la stratégie du gouvernement consiste, par exemple, d'éviter le plus longtemps possible une arrivée massive de personnes infectées dans les hôpitaux. Un doute existerait-il sur leurs capacités à absorber une telle affluence ? Ce n'est pas pour rien que les personnels de santé, les urgentistes singulièrement, réclament depuis des mois et des années des moyens humains et budgétaires supplémentaires ! En vain, faute de budget et à cause d'une politique tournée vers une approche purement comptable et marquée par son caractère ultra-libéral.
Les fonctionnaires seront pourtant et encore une fois en première ligne face aux aléas de cette épidémie. Les personnels soignants, évidemment, mais plus largement, l'ensemble des agentes et agents publics auxquels il sera demandé de maintenir coûte que coûte la continuité du service public. Un service public et des fonctionnaires dont tout un chacun, y compris leurs plus fervents adversaires, vantera les qualités, le dévouement, le professionnalisme...Tout en continuant à les martyriser de mille manières.
Exemple parmi tant d'autres et d'actualité, la suspension, en lien avec la crise sanitaire, de la carence en termes de congés maladie pour les salariés du secteur privé….Mais pas pour la Fonction publique !
Pour marquer encore plus la dichotomie entre le discours et les faits, souvenons-nous que la plupart des mouvements de contestation, jusqu'à celui en cours contre la destruction de nos régimes de retraite, sont et ont été ignorés au prétexte que la situation économique et budgétaire du pays ne l'aurait pas supporté. Volonté politique quand tu nous tiens : 1 459 milliards d'euros avaient été débloqués en 2008 pour juguler la crise et renflouer les banques ! Combien pour combattre le dérèglement climatique et aujourd’hui pour enrayer l’épidémie ?
Les changements fondamentaux et radicaux que revendique une partie, dont la nôtre, du mouvement syndical, social et associatif, et au-delà une frange de plus en plus large de la population, n'adviendra que si nous sommes capables, collectivement, d'établir un rapport de forces durable et conséquent. Pour changer les choses en profondeur, serrons-nous les coudes !