Le Comité Social d'Administration Ministériel (CSAM) sur le budget était convoqué lundi 18 novembre en présence du ministre du budget et des comptes publics. Au vu du contexte budgétaire inédit et des régressions annoncées pour les agentes et agents publics, les fédérations syndicales y siégeant ont décidé de lire leurs déclarations liminaires et de partir. Tu trouveras ci-dessous la déclaration liminaire de Solidaires Finances et le communiqué commun des fédérations à la sortie de ce CSAM.
Déclaration liminaire de Solidaires Finances
Monsieur le Ministre,
Si Solidaires Finances est aujourd’hui en face de vous, c’est pour vous exprimer en toute franchise notre colère mais aussi notre détermination. Nous ne sommes pas présentes et présents pour entendre vos arguments nous expliquant qu’il n’y a pas d’autres choix !
Nous sommes en colère face aux choix budgétaires de votre gouvernement :
- des choix budgétaires qui n’auront de cesse de creuser un peu plus le déficit public en appauvrissant l’État, lequel continue de verser de l’argent sans contrepartie sociale ou écologique.
- des choix budgétaires qui sacrifient les services publics au profit des grandes entreprises et des plus fortunés.
- des choix budgétaires qui vont imposer une cure d’austérité au plus grand nombre et qui videront un peu plus les poches des plus précaires, notamment avec les taxes sur l’électricité.
- des choix budgétaires qui vont mettre encore plus à mal la santé, l’éducation nationale, l’écologie et plus globalement l’ensemble des agentes et agents publics. Vos pseudos remèdes risquent de s’avérer pires que le mal surtout quand vous vous obstinez à refuser de trouver des recettes pourtant si faciles à trouver en mettant notamment en place une justice fiscale. Mais à priori, il y a des intouchables dans ce pays !
- des choix budgétaires qui vont une nouvelle fois mettre à mal notre ministère, nos missions.
Vous l’aurez compris, pour Solidaires Finances, ce budget 2025 ne va qu’aggraver les inégalités et les injustices. Il va également aggraver la désespérance sociale sur laquelle le RN surfe pour diviser un peu plus la société, créer des boucs émissaires et développer la haine.
Notre colère est également très grande face au mépris de votre gouvernement à l’égard des agentes et agents publics.
Nous savons que vous n’êtes pas le ministre de la Fonction Publique mais nous ne pouvons nous taire sur ce qui se passe aujourd’hui et surtout vous dédouaner. En effet, vous êtes ministre du budget et des comptes publics avec à priori une feuille de route claire pour trouver des économies. Et donc l’une de vos pistes est de faire payer l’addition aux fonctionnaires en supprimant des emplois mais aussi en vous attaquant à leur santé, à notre santé. Pour faire 1,2 milliards d’économie, vous décidez donc d’augmenter nos jours de carence et de nous amputer 10 % de notre indemnisation en cas de maladie. Et pour faire passer ces régressions, le ministre de la Fonction Publique n’a de cesse de nous jeter en pâture à l’opinion publique en faisant croire que nous sommes des privilégiés pire des fainéants et en prétextant qu’il s’agit de mettre à égalité les salariés du privé et les salariés du public. C’est une honte !
Aujourd’hui dans le secteur privé, si 3 jours de carence sont effectivement prévus par la loi, les conventions collectives conduisent de nombreuses entreprises à prendre en charge l’indemnisation de leurs salarié.es. Au final si 63,5 % des salariés voient leurs jours de carence pris en charge en tout ou partie, cette proportion monte à 85 % dans les entreprises de plus de 500 salarié.es. Rappelons également que le Code du travail impose aux employeurs de compléter l’indemnisation des arrêts des salarié.es par l’assurance maladie pour atteindre 90 % du salaire. Mais les entreprises abondent les indemnisations jusqu’à 100 % du salaire pour 70 % des salariés. Au final vous voulez aligner les fonctionnaires sur la situation des 30 % des salariés du privé les moins bien traités ! Et après vous avez l’indécence de nous parler d’attractivité ! Par ailleurs, ces mesures de régression sociale pénaliseront financièrement davantage les femmes, les agentes et les agents qui exercent des tâches pénibles, le plus souvent les moins bien rémunérés ! Vous pouvez prôner votre attachement à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, ces mesures concrètes ne feront qu’empirer la situation ! Etre malade n’est pas un choix mais être soigné est un droit !
Et que dire du Tweet de félicitation d’un ministre d’État Français à la nomination d’un homme aux idées racistes, xénophobes, homophobes, transphobes, masculinistes, anti-Etat et qui n’a de cesse de vouloir détruire tout service public ?
Face à ce contexte, vous comprendrez aisément que Solidaires Finances ne restera pas très longtemps aujourd’hui. Mais une chose est certaine, notre détermination à combattre vos politiques est grande.
Le mépris gouvernemental, la volonté de « casser du fonctionnaire » renforcent plus que jamais notre fierté d’être agentes et agents publics, et de faire vivre nos missions au service de l’intérêt général !
Compte-rendu
En période normale, cette instance est un moment solennel, traitant des perspectives budgétaires au travers de la présentation du Projet de loi de Finances (PLF) pour l’année suivante.
Même si les débats parlementaires sont toujours en cours et que le recours à l’article 49.3 est fortement probable, les grandes lignes portées par le gouvernement sont à l’opposé de ce que nous appelons de nos vœux.
En effet, le projet gouvernemental de budget 2025 accorde la priorité à la réduction des dépenses publiques, sans se donner les moyens pour trouver toutes les recettes avec un objectif de justice fiscale. Ces réductions vont impacter durement les services publics et donc la population.
S’agissant plus spécifiquement du ministère des Finances, malgré les promesses de stabilisation de l’emploi des précédents ministres, c’est à nouveau la douche froide, avec de nouvelles purges à hauteur de plus de 500 emplois.
À ce contexte budgétaire d’austérité, se rajoute la désagréable surprise de voir reprendre de plus belle les attaques contre les fonctionnaires, depuis quelques semaines. Le tout se fait sous la houlette du ministre de la fonction publique, à moins qu’il ne faille désormais parler du ministre contre la fonction publique …
Le sommet (ou le gouffre) est atteint avec un message de ce dernier, véritable ode d’amour à un milliardaire américain, militant de la destruction de l’État et de toute idée de régulation et qui sera en charge de réduire le budget des administrations fédérales de 30 % lors du prochain mandat présidentiel de Donald Trump.
Ces attaques contre les fonctionnaires, qui reposent sur des mensonges, confondent absentéisme et arrêt maladie. Elles appliquent une politique d’alignement par le bas de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie, notamment en augmentant les jours de carence.
Certes, le ministre Saint Martin a rappelé son profond respect pour les fonctionnaires et qu’il défendrait toujours les agent.es de son ministère.
Il n’en demeure pas moins que le gouvernement, par les attaques répétées du ministre de la fonction publique, semble avoir pris fait et cause contre la fonction publique et ceci, nous ne pouvons le tolérer.
En conséquence, les fédérations des Finances SOLIDAIRES, CFDT-CFTC, FO et UNSA-CFE-CGC ont quitté la séance.
Toutes les fédérations des Finances appellent d’ores et déjà à participer massivement à la mobilisation pour la fonction publique prévue le 5 décembre, contre l’augmentation du nombre de jours de carence et la baisse de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie, pour une amélioration du pouvoir d’achat et des conditions de travail dans l’intérêt des agentes et agents et pour une fonction publique mieux reconnue et plus attractive.