Le Ministre délégué chargé des Comptes publics, Monsieur DUSSOPT, s'est déplacé le 7 septembre matin, à l'École Nationale des Finances publiques - établissement de Clermont-Ferrand - pour rencontrer des stagiaires et des chargés d'enseignement.
Une rencontre avec quelques stagiaires
Compte tenu des contraintes sanitaires, il n'est pas intervenu devant l'ensemble des stagiaires de l'établissement, mais il en a reçu douze, désignés par l'ENFiP accompagnés de Monsieur FOURNEL (directeur général), Monsieur JOUFFRET (directeur de l'établissement de Clermont-Ferrand) et Monsieur RAMIR (directeur par intérim de l'ENFiP).
Ces stagiaires ont été informés de cette entrevue très tardivement (pour certain.es 5 minutes avant !) mais peut-être comptait-il sur une certaine spontanéité des interventions ???
Pour autant, cette impréparation ne les a pas empêché de revenir sur le mal-être provoqué par une scolarité hybride inédite.
Car, quel était le but de cette visite totalement imprévue ? Le cabinet du Ministre a-t-il eu vent de quelques difficultés ?
Si certain.es stagiaires, notamment internes, qui ont connus les anciennes scolarités ont pu témoigner de leurs craintes, des angoisses naissantes, les stagiaires externes, elles et eux, ont été en mesure surtout d'identifier les difficultés techniques auxquelles ils ont du faire face : problèmes de connexions, problème des accès informatiques, problèmes dans la maîtrise des outils, etc.
Monsieur DUSSOPT qui a fait preuve d'une oreille attentive, a expliqué que cette année serait une année test, car, il a clairement exprimé que ce mode de fonctionnement allait devenir pérenne.
Pour Solidaires Finances Publiques, et sans amoindrir l'aspect sanitaire, les craintes exprimées depuis longtemps prennent vie … celles d'une formation dont le présentiel ne serait plus que marginal …
Notre administration utilise la crise COVID pour instaurer à marche forcée une scolarité hybride dans la précipitation.
Cette promotion sera la troisième à « essuyer des plâtres », … l'ENFiP aurait-elle ajouté une nouvelle matière dans sa scolarité ?
Une intervention dans une classe en visio
Il avait été annoncé que Monsieur DUSSOPT interviendrait pendant une classe virtuelle.
Or, l'outil de classe virtuelle n'étant pas encore développé, c'est dans un cours en visio via "Jitsi" qu'il est intervenu. Ce cours, à destination des personnes dites "vulnérables" est composé de 12 stagiaires. Il y a 3 groupes de ce type sur Clermont-Ferrand et 3 également sur Noisiel.
Le but de l'ENFiP était de montrer à quel point la DGFiP sait s'adapter à la situation et a su adapter ses formations.
Cet échange a permis surtout d'expliquer à quel point cette formation en tout distanciel va être compliquée.
Tout d'abord, compliquée d'un point de vue technique, car l'outil actuel est instable. Les connexions sont souvent interrompues. Les stagiaires doivent parfois éteindre leur caméra afin de libérer de la bande passante pour mieux suivre le cours. L'absence d'image est déstabilisante pour le chargé d'enseignement qui, en l'absence d'échange visuel a des difficultés à échanger avec l'ensemble du groupe.
Ensuite, compliquée d'un point de vue pédagogique car la concentration peut être parasitée par des éléments exterieurs. Les stagiaires n'ont pas toujours un espace de travail adapté et optimal. C'est une réalité déjà rencontrée par les télétravailleurs pendant le confinement.
Enfin, les cours en visio ne peuvent pas dépasser une certaine durée (maximum 2 heures), car l'attention des stagiaires est difficilement tenable au-delà et le formateur doit décupler son énergie pour maintenir le rythme.
A ce titre, il a été expliqué que l'échange au travers d'un ordinateur avec les stagiaires est un exercice difficile, car le formateur doit tenir compte du délais de réaction des échanges avec son groupe. Et, ce temps, nécessaire à la fluidité des échanges augmente la durée d'apprentissage.
Monsieur DUSSOPT, très attentif, a écouté les arguments développés et en a pris note.
Pour Solidaires Finances Publiques, une fois de plus, si la formation réussit à s'adapter, c'est surtout grâce à l'implication de ses personnels, qui, même sans aucune formation à l'outil, pallient les difficultés qu'elles soient tehniques ou sur les contenus pédagogiques.
Par ailleurs, à peine après 1 semaine de cours en total distanciel, des stagiaires ont contacté Solidaires Finances Publiques pour faire part du stress déjà omniprésent et des angoisses liées à l'isolement inhérentes à cette forme de scolarité.
Une rencontre avec les organisations syndicales locales de l'ENFiP
Pendant ce temps, les Organisations Syndicales Locales de l'ENFiP ont été reçues par Madame FOURNET Marie-Gabrielle, conseillère au cabinet de M DUSSOPT, et Monsieur CLERGET Thierry, délégué du Directeur Général.
Tout comme les stagiaires, cette visite a été programmée en toute fin de semaine dernière laissant peu de place à la préparation d'une intervention. Mais qu'importe, les équipes, en intersyndicale, se sont organisées et ont témoigné des difficultés permanentes ressenties par les équipes pédagogiques accentuées par le rythme effréné des réformes dans le fond et la forme de toutes les scolarités et aggravées par la crise sanitaire.
Le déficit numérique, les modules retravaillés dans l'urgence, la non-prise en compte des remarques du corps enseignant, provoquent un malaise et un mal-être grandissant au sein des équipes pédagogiques.
Car, quelques soient les réserves des personnels vis-à-vis de la conception des formations rénovées, les enseignant.es ont toujours menés à bien leurs travaux d'écriture dans le calendrier contraint imposé. Leur dévouement sans faille a d’ailleurs été salué à plusieurs reprises. Et c'est dans ce contexte qu'ils ont appris que la fiche 3 des lignes directrices de gestion (mutation) allait leur imposer une durée maximale de séjour, à savoir 5 ans !
Ils n'ont pas masqué leur indignation et ont remis une copie de la lettre ouverte envoyée par mail au Directeur Général concernant cette fiche (copie ci-jointe).
Lettre ouverte à Monsieur FOURNEL
La formation professionnelle à la DGFiP mérite mieux, et soutenir la formation, c'est écouter ceux qui la font !
Aujourd'hui, les équipes enseignantes ont exigé l'abandon de ce projet d'instauration d'une durée maximale d'activité pour les chargés d'enseignement de l'ENFiP et ont témoigné de la dégradation de l'ensemble des cursus de formation de la DGFiP. Cette limitation imposée est un non-sens tant au plan pédagogique qu'au plan professionnel.
Solidaires Finances Publiques exige que l'ENFiP donne les moyens techniques et humains aux équipes pédagogiques de la DGFiP pour apporter une formation professionnelle de qualité à la hauteur des exigences des missions de la DGFiP quelque soit le contexte et portera ces revendications dans toutes les instances.