Ce groupe de travail s’est tenu dans un contexte de dialogue social tendu mais Solidaires Finances Publiques a décidé de siéger pour faire entendre les revendications en matière de formation professionnelle initiale et continue.

Liminaire

Déclaration liminaire GT FOR PRO du 23 mai 2023

 

Madame la présidente et Messieurs les présidents,

Nous siégeons aujourd’hui dans ce groupe de travail métier après une période de neutralisation du dialogue social dans le cadre du conflit des retraites. Ce conflit a mobilisé fortement toutes les générations et catégories de la population de notre pays. Prenez note que notre présence ici ne signifie pas le retour à la normale ni que la page soit tournée. Bien au contraire.

Cette mobilisation sociale a fait ressurgir des maux qui s’inscrivent depuis un long moment dans notre société. En effet, au-delà de l’âge légal du départ à la retraite, toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés depuis le 19 janvier ont mis également en avant les questions des inégalités, de la répartition des richesses, du pouvoir d’achat, des conditions de travail et du sens du travail. Ne pas entendre la majorité de la population, voire la mépriser comme le fait le Président de la République n’est pas près de faire taire la colère. La défiance est grande et la crise sociale et démocratique importante. Le risque de voir le Rassemblement National en tête de la prochaine présidentielle est de plus en plus grand et la responsabilité de notre Président et de sa politique sera importante.

Emmanuel Macron veut clôturer cette séquence en se donnant cent jours pour agir au service de la France et développer des mesures de justice pour soit-disant apaiser le pays. Oserons nous faire référence aux 100 jours d’un certain empereur pour passer de l’île d’Elbe à Sainte-Hélène ?

Par courrier intersyndical adressé le 20 avril au Directeur Général, les syndicats représentatifs de la DGFiP ont exprimé une demande de changement du dialogue social tant sur sa forme que sur son contenu. Mais ils ont également fixé des objectifs prioritaires pour les personnels :

  • la protection et la sécurité des personnels,
  • la rémunération de l’ensemble des agents et agentes,
  • le déroulé de carrière et les promotions,
  • l’impact des outils numériques et autre intelligence artificielle sur l’évolution de la DGFiP, l’exercice des missions et les conditions de travail.

Aujourd’hui nous n’attendons pas des postures mais des engagements réels et sincères. Nous le rappelons encore une fois, nous sommes à un instant de vérité.

Par courrier intersyndical le 16 mai (voir fin de l'article), nous avons également interpellé Monsieur Gabriel ATTAL sur différents sujet concernant la formation professionnelle.

En matière de protection et de sécurité des agents, la formation professionnelle constitue un pilier essentiel pour fournir les outils nécessaires à l’exercice des missions dans les meilleures conditions.

La formation à la sécurité des personnels doit faire l’objet de modules spécifiques aussi bien en formation initiale qu’en formation continue et quel que soit le grade.

Solidaires Finances Publiques déplore la suppression du stage premier métier en formation initiale qui permettait la transmission « informelle » de savoir-être, de savoir-faire et de gestes métiers entre collègues expérimentés et collègues débutants.

Nous l’avons également interpelé sur la non revalorisation des indemnités de stage en formation initiale dont le taux est bloqué depuis 2006. Le contexte inflationniste a des effets dévastateurs en termes de pouvoir d’achat pour les stagiaires. Cette revalorisation devient essentielle et primordiale.

Tous les ans nous signalons à la DGFiP des stagiaires en précarité financière et la seule réponse est de gérer les situations au cas par cas et de faire appel aux services sociaux. Pour l’intersyndicale Solidaires Finances Publiques, CGT Finances Publiques, FO-DGFiP, CFDT-CFTC Finances, cette gestion individuelle est insatisfaisante et frise l’indécence … elle provoque des situations d’injustice pour toutes les situations inconnues des stagiaires qui se taisent ...

Certes, vous n’en n’êtes pas décisionnaire mais, à minima, vous devez relayer la nécessité urgentissime de cette revalorisation auprès de la DGAFP. Pour Solidaires Finances Publiques, cette revalorisation fait partie de l’attractivité tout comme les accès aux logement, les accès à des places en crèche afin de permettre à tous les stagiaires de concilier formation et vie personnelle que notre organisation syndicale revendique depuis toujours.

Prenez bien note que Solidaires Finances Publiques est aujourd’hui présent devant vous, non pour cocher les cases d’un dialogue social mais pour porter les revendications des personnels sur les missions et leurs conditions d’exercice, sur les conditions de travail et sur la reconnaissance pécuniaire de l’engagement des personnels. D’ailleurs monsieur le Ministre G.Attal a témoigné sa fierté de cet engagement le 13 avril dernier lors de la conférence de presse de la campagne déclarative. Mais, une fois encore, les mots ne servent à rien s’ils ne sont pas suivis d’actes forts.

Et, que ce soit en CSA ministériel, ou en CSA de réseau, les propos tenus sont loin de nous rassurer. Nous allons donc aujourd’hui aborder en groupe de travail directionnel la question de la formation professionnelle initiale et continue. Les sujets sont vastes, importants pour ne pas dire capitaux.

Nous sommes également à un moment crucial de la formation professionnelle.

Monsieur LANDOUR, ce GT étant votre premier sur ce sujet, nous allons donc vous rappeler un certain nombre de nos revendications au travers de cette liminaire et dans nos débats au moment de l’examen des fiches.

Suite aux départs en retraite massifs qui vont s’accentuer dans les prochaines années, le nombre de recrutement par voie de concours va être sans commune mesure avec les promotions précédentes. Se pose donc la question majeure de réussir à former ces nouveaux agents de façon rigoureuse afin de maintenir la technicité de la DGFiP à son niveau reconnu de toutes et tous.

Si les problématiques sont certes organisationnelles, l’organisation matérielle ne doit pas porter préjudice à l’apprentissage des missions.

La formation professionnelle à la DGFiP est la pierre angulaire des savoir faire et des savoirs être des agents. La négliger met en péril la technicité de tous les fonctionnaires de la DGFiP et met en péril l’accès à un service public de qualité pour tous les usagers et partenaires de la DGFiP.

Les formations initiales et continues doivent faire partie d’un ensemble complémentaire pour parfaire les savoirs tant les missions de la DGFiP sont nombreuses et parfois même éclectiques !

Et, pour Solidaires Finances Publiques, il est depuis plusieurs années, de plus en plus évident que l’axe choisi par l’ENFiP n’est pas le bon, pire il lui porte préjudice.

La pédagogie et l’apprentissage de notions professionnelles ne sont ni statistiques ni mathématiques. Or, l’ENFiP s’entête à résoudre des problèmes organisationnels sans se préoccuper de l’impact pédagogique.

Tout d’abord abordons la formation initiale.

Aujourd’hui, les stagiaires en formation initiale ont un sentiment de gavage et de repasser leur concours plusieurs fois.

La formation initiale est en constante réforme depuis la fusion DGI/DGCP.

Une scolarité fusionnée qui a été réduite en durée, un CMFi qui est quasi-inexistant, des temps d’assimilation annihilés, des modalités de première affectation qui n’ont comme seul intérêt que de former les stagiaires à leur premier métier…A ce sujet, nous n’aurons de cesse de vous rappeler que former des stagiaires de la DGFiP en formation initiale à leur premier métier est un non sens ! Nos métiers sont trop vastes, voire trop particuliers, et trop de stagiaires ne se retrouvent même pas en fin de formation sur la mission pour laquelle ils ont été formés ! Preuve en est dans le 75 où 38 stagiaires ont été réaffectés le vendredi à 18heures pour le lundi…. Et si certains ont la chance de conserver leur bloc fonctionnel, ce n’est pas toujours le cas.

L’instauration d’une formation pratique probatoire sur le poste d’affectation est également un non sens pédagogique… être positionné apprenant un jour, en responsabilité le lendemain, voire pire en responsabilité managériale le lendemain sur sa chaise est anti-pédagogique et peut produire des effets néfastes pour le stagiaire concerné voire même pour le service concerné. La frontière entre le statut d’apprenant et de titulaire en devient de plus en plus floue. Nous vous rappelons notre opposition au caractère probatoire de la formation pratique ainsi que sa réalisation sur le poste d’affectation.

Et depuis hier, les stagiaires vont toutes et tous dérouler leurs formation en mode « Ariane »ou plus communément appelé le « 4+1 ».

Ce mode de formation est tout sauf pédagogique ! Il le serait si ce temps était du temps de respiration/assimilation. Mais, non, pour l’ENFiP, un stagiaire qui n’est pas en mode « production » n’est pas un stagiaire qui travaille…Il doit ingurgiter, et peu importe s'il frôle l’indigestion...d’ailleurs, tout n’est qu’une question d’organisation, n’est-ce pas ?

A aucun moment nous n’avons eu de véritable échange sur l’organisation de cette formation. Comme tout aujourd’hui à la DGFiP, il faut aller vite, peu importe le coût, qu’il soit financier ou humain d’ailleurs, il faut aller vite… aucune concertation, une mise en production sans en parler avec les véritables acteurs de la formation, peu importe la casse pourvu que ça passe… Mais, regardez bien en face, cela ne passe plus !

Comment expliquez-vous que le niveau de sortie d’école des stagiaires s’éloigne de plus en plus des attentes du réseau ?

Comment expliquez-vous que la modernisation des outils de la formation initiale ne favorise pas l’apprentissage ?

Comment expliquez vous que certaines questions dans les oraux de concours pour IDIV ou IP insinuent que les stagiaires n’ont pas un bon niveau et que la formation à l’ENFiP en est la cause ?

Comment expliquez-vous le décalage parfois digne du grand écart entre la formation suivie et la mission sans que l’ENFiP n’ait droit de regard ?

De plus, ne pensez-vous pas que les réformes des scolarités initiales engagées à marche forcée depuis 2019, cumulées au manque d’effectif criant de chargés d’enseignement met en danger les acteurs de la formation et la qualité des enseignements ? Les chargés d’enseignement de l’ENFiP de Noisiel ont fait part récemment de leur refus des cadences infernales imposées et qui dégradent leurs conditions de travail. Nombreux sont ceux guettés par des risques psycho-sociaux liés à leur surcharge de travail, nombreux sont les stagiaires mis en difficulté par ces modalités d’enseignement.

Abordons maintenant la formation continue.

Pour Solidaires Finances Publiques la formation continue est cruciale dans le parcours professionnel des agents de la DGFiP.

Aujourd’hui, son organisation est détériorée.

Parlons de SEMAFOR ou plutôt pourrions nous dire SEPAFOR !

SEMAFOR a été présenté comme étant un outil performant, cependant, le TGV attendu correspond plus à une micheline fonctionnant au charbon !

Dans le rapport de l’IGF sur le contrat d’objectif et de moyen 2020/2022, en page 42, il est écrit « l’entrée en application prochainement de l’application SEMAFOR, devrait permettre un meilleur suivi statistique des formations ».

Par contre, dans le bilan 2021, page 43, il est présenté comme un outil unique de gestion des formations. Une fois de plus, la formation est abordée par le prisme statistique et non pédagogique.

Le fait de placer l’agent comme acteur de son parcours de formation est louable cependant l’outil ne correspond ni aux besoins, ni aux attentes de l’ensemble du réseau et devient un outil unique de déformation des formations !

Tout comme la formation initiale, la formation continue souffre d’un manque cruel de formateurs qu’ils soient permanents ou professionnels associés. Manque de personnel dans les services, manque de valorisation de la mission, rémunération désuète des professionnels associés sont une liste non exhaustive des réalités actuelles de la formation continue.

Ne pensez-vous pas que cela contribue au manque d’attractivité ?

Parlons maintenant de la mission de formateur au sens large.

Pour Solidaires Finances Publiques, le formateur doit être replacé au cœur du dispositif. Outre la liberté de s’adapter à son groupe de stagiaire, les formateurs doivent avoir le temps d’appréhender leur matière. Actuellement, pour l’ENFiP un formateur qui n’est pas en « production » ne travaille pas ! Pour Solidaires Finances Publiques c’est inacceptable et anti-pédagogique. L’ENFiP doit se donner les moyens de ses ambitions et créer une vrai dynamique de ressourcement, de favoriser les interactions pour permettre une mutualisation des bonnes pratiques.

La formation professionnelle à la DGFiP doit certes se réinventer, mais tout en gardant à l’esprit l’ultime but de maintenir un haut degré de technicité de ses agents tout au long de leur carrière.

Nous exigeons l’arrêt immédiat de toutes les réformes de la formation professionnelle et l’ouverture d’un véritable cycle de discussion. Pour Solidaires Finances Publiques, placer le mot « pédagogie » dans toutes les fiches ne crée pas de la pédagogie !

Une fois encore, les mots ne servent à rien s’ils ne sont pas suivis d’actes forts.

En conclusion, de nombreux sujets sont de nouveaux exclus du paysage, notamment, la fiche sur le tutorat, promise depuis tellement d’années… Certes, le temps passe vite mais il est grand temps de prendre le temps …

Nous exigeons un groupe de travail spécifique sur les sujets que nous ne pourrons aborder ce jour.

Courrier intersyndical du 16 mai à G. ATTAL