Les administrations publiques ont, depuis de nombreuses années, pris la fâcheuse habitude de s’inspirer des méthodes d’organisation du travail que le secteur privé a lui-même abandonnées.

En matière de management, elles se sont aussi appuyées et continuent de le faire sur la prétendue expertise des cabinets de conseil. Ces derniers surfent sur les impacts de la digitalisation et de l’économie numérique, forces de transformations, dans un marché extrêmement concurrentiel, mais très lucratif.

Certaines de ces officines se sont pourtant largement illustrées dans certains scandales financiers. Ainsi, la faillite retentissante du fournisseur d’électricité et de gaz Enron, en 2001 aux États-Unis, a provoqué la disparition du cabinet Arthur Andersen qui avait pour le coup couvert les malversations financières de l’entreprise. Mais ces gens-là ont des ressources. Sur le corps encore fumant d’Arthur Andersen Consulting s’est constitué Accenture, un des cabinets de conseils parmi les plus prisés sur le marché. Cabinet dont le siège est en... Irlande…

Depuis quelques semaines, un autre cabinet du même secteur semble beaucoup séduire le ministère et la DGFiP. Alixio, c’est son nom, est intervenu pour délivrer un certificat de bonne conduite au ministère et notamment à la DGFiP, pour leur gestion de la crise sanitaire. Revoilà le même cabinet à l’œuvre dans l’opération en cours de formatage à l’accompagnement du changement de l’encadrement intermédiaire de la DGFiP…

La proximité du créateur et principal actionnaire d’Alixio (NDLR : Raymond Soubie), avec le pouvoir politique est-elle à l’origine de ce soudain intérêt ? Il faut bien aider « les amis » quand-même. L’absence de transparence de la part des pouvoirs publics quant au coût des prestations délivrées laisse par ailleurs la porte ouverte à toutes les spéculations. Mais nous faisons entière confiance à nos autorités de tutelle, fussent-elles amatrices de lithographie, pour être attentives au bon usage des deniers publics et au comportement fiscal des partenaires privés auxquels elles font appel !

Quand les administrations publiques s’inspirent, activent ou font appel au secteur privé, sous prétexte d’ouverture et de partages d’expériences, c’est l’esprit du service public qui s’effrite, c’est l’essence même de la Fonction publique qui se désagrège !