Solidaires Finances Publiques décrypte les résultats de l'enquête de satisfaction informatique 2025 et de l'Observatoire interne SSI/DPN/DiSI
L'administration se félicite... mais de quoi exactement ?
L'administration a publié récemment les résultats de l'enquête de satisfaction informatique 2025. Comme d'habitude, la communication officielle met en avant les aspects positifs : une note globale qui remonte à 6,8/10, des agents satisfaits de l'assistance informatique, des applications qui s'améliorent...
Mais quand on creuse les chiffres, la réalité est bien différente.
Solidaires Finances Publiques a analysé en détail les résultats de deux enquêtes distinctes :
- L'enquête de satisfaction informatique générale (23 770 répondants, 26,6% de participation)
- L'Observatoire interne SSI/DPN/DiSI (2 627 répondants informaticiens, 46-55% de participation)
Première alerte: un taux de participation en chute
Le taux de participation à l'enquête de satisfaction informatique est l'un des plus bas depuis 2019 : seulement 26,6%.
Ce faible taux révèle :
- Un certain désintéressement des collègues pour ce type de questionnaire
- Un manque de temps : les agents sont submergés par la charge de travail
- Une lassitude face à des enquêtes dont les résultats ne débouchent sur rien de concret
L'administration se félicite d'une amélioration de 0,4 point de la satisfaction générale… mais un agent sur quatre seulement a répondu !
Deuxième alerte : un questionnaire trop orienté
En effet, de nombreuses questions offrent peu de choix de réponses pour les collègues et restent très orientées pour permettre une réelle expression de leur ressenti. De même, le pêle-mêle de mots présenté en fin du document ne donne aucune information complémentaire sur l'expression des agents. Pour permettre une analyse approfondie des attentes des collègues, c’est l’intégralité de leurs expressions qui est utile et non un seul mot sorti du contexte et collé çà et là en fin de document sur une seule page, sous forme de « nuage de mots autour des verbatims proposés ».
Troisième alerte : Intelligence Artificielle : vigilance !
Nous passerons rapidement sur le sujet de l'Intelligence Artificielle (IA) qui reste encore trop flou dans l'esprit de nombreuses personnes. Le terme d'IA est trop souvent utilisé à tort par notre administration. Toutefois, Solidaires Finances Publiques tient à alerter les 54 % de collègues sur l'utilisation de l'Intelligence Artificielle sur des plateformes externes privées type ChatGPT, car ils mettent dans le domaine public des informations confidentielles afin d'obtenir un résultat à leur requête, ce qui pourrait entraîner des fuites de données et l'administration pourrait enclencher une procédure disciplinaire contre les utilisateurs de ces outils externes.
L'enquête de satisfaction générale : des signaux contradictoires
Une légère amélioration mais à relativiser. La note globale de satisfaction informatique remonte à 6,8/10 après le creux de 2024 à 6,4/10 (lui-même conséquence de la catastrophe GMBI de 2023).
Mais regardons les détails qui fâchent :
Les points positifs (les seuls vrais !) :
- Assistance informatique locale : 8,1/10 pour la proximité (CID), 8/10 pour les assistances techniques (AT)
- 96% des agents satisfaits de la rapidité de prise en charge et de la compréhension du problème
- 95% satisfaits de la clarté des explications
- 96% satisfaits de la qualité des échanges, du suivi et de la capacité à résoudre le problème
- Matériel : 7,2/10 (mais attention : évolution à confirmer avec l'allongement annoncé des durées de remplacement)
- Applications métiers : 16% d'agents peu satisfaits (baisse de 5 points par rapport à 2024)
Les points négatifs (les VRAIS chiffres) :
- 68% ne sont PAS satisfaits de la communication autour de l'informatique
- 71% ne constatent AUCUNE évolution positive de l'informatique en général
- 69% ne voient AUCUNE amélioration des applications métiers
- 71% des agents ne connaissent PAS l'offre de formation numérique
Traduction pour Solidaires Finances Publiques : L'administration communique mal, les agents ne voient aucune amélioration, et personne ne sait qu'il existe des formations !
Les applications qui plantent (encore et toujours)
Les cancres du classement
CONSULTPAS : la catastrophe continue
- Temps de réponse catastrophique : 3,1/10
- Disponibilité désastreuse : 2,8/10
- Stabilité inexistante : 3,3/10
GESLOC : toujours aussi inutilisable
- Manque cruel de fonctionnalités
- Fiabilité douteuse
OCAPI et AMD : dans le bas du classement également
Les bonnes élèves (rares)
- ISCFE-IFER, COMPAS, ADONIS : les seules qui fonctionnent correctement
Le chiffre qui tue : 16% des agents (soit environ 4 000 sur les 23 770 répondants) se déclarent peu satisfaits des applications métiers. C'est moins qu'en 2024... mais c'est encore ÉNORME !
Les mauvais choix de l'administration
1. La disponibilité à tout prix = le travail en horaires décalés
Face aux résultats catastrophiques sur la disponibilité des applications, la Direction Générale a décidé d'améliorer... la disponibilité !
Traduction concrète pour les collègues informaticiens :
- Interventions et mises en production systématiquement en dehors des heures de bureau
- Travail le soir, la nuit, les week-ends pour "limiter la gêne occasionnée aux utilisateurs"
- Aucune compensation prévue, bien sûr !
C'est la double peine :
- Les applications plantent à cause d'un sous-investissement chronique
- Les collègues doivent compenser en travaillant en horaires décalés
2. L'illusion de la "participation"
L'administration annonce vouloir "associer les utilisateurs à l'élaboration des choix informatiques".
Dans les faits :
- Pas de budget dédié pour cette participation
- Pas de temps alloué pour consulter réellement les agents
- Juste une nouvelle couche de réunions chronophages qui ne déboucheront sur rien
La position de Solidaires Finances Publiques : Si vous voulez VRAIMENT associer les agents, donnez-leur les moyens ! Sinon, c'est de la poudre aux yeux.
3. Le silence sur les vrais problèmes
L'administration ne dit RIEN sur :
- L'obsolescence du parc informatique (allongement des durées de remplacement)
- Les effectifs informatiques en berne (départs non remplacés, équipes épuisées)
- Le sous-investissement structurel dans les infrastructures
- L'absence de vision stratégique à long terme
L'observatoire interne : la réalité des informaticiens
Cette enquête spécifique au SSI/DPN/DiSI (2 627 répondants) révèle une situation bien plus préoccupante que l'enquête générale.
Des taux de participation inquiétants
- SSI/DPN : 46% de participation
- DiSI : 55% de participation
C'est mieux que l'enquête générale (26,6%), mais cela reste faible pour une enquête ciblée sur des agents directement concernés !
Un moral en berne
La motivation : en chute libre
- Services centraux (SSI/DPN) : seulement 35% se disent motivés (contre 30% dans le reste de la DGFiP)
- 27% se sentent fatigués (identique au reste de la DGFiP : 30%)
L'engagement : en baisse continue
- 59% d'engagement positif en 2025 (contre 62% en 2021)
- La tendance est à la désaffection
Le sentiment d'exclusion
Les informaticiens ne se sentent PAS acteurs :
- Seulement 41% se sentent acteurs des changements au SSI/DPN
- 46% ne se sentent PAS informés sur les réformes à venir (services centraux)
La charge de travail : une "satisfaction" trompeuse
L'administration se félicite :
- SSI/DPN : 67% satisfaits de leur charge de travail (contre 54% DGFiP)
- DiSI : 72% satisfaits (contre 54% DGFiP)
Mais ATTENTION ! Cette satisfaction cache la réalité :
- Les informaticiens sont résignés, pas satisfaits
- La charge excessive est devenue la norme acceptée
La reconnaissance : toujours le point noir
Les possibilités d'avancement : CATASTROPHIQUES !
- SSI/DPN : seulement 35% satisfaits (contre 33% DGFiP)
- DiSI : 34% satisfaits (contre 33% DGFiP)
Pour des métiers en tension, à haute qualification technique, c'est INADMISSIBLE
Nos exigences syndicales
Face à ces résultats, Solidaires Finances Publiques exige :
1. Des moyens humains à la hauteur
- Arrêt immédiat du gel des effectifs informatiques
- Recrutement massif pour compenser les départs
- Plan de formation ambitieux pour monter en compétences
2. Une vraie reconnaissance
- Revalorisation salariale des informaticiens à la hauteur de leurs qualifications
- Plan de carrière clair avec des perspectives d'évolution réelles
- Prime de compensation pour les horaires décalés imposés
3. Des investissements structurels
- Budget pluriannuel pour moderniser les infrastructures,
- Arrêt des projets pharaoniques type GMBI qui engloutissent des sommes astronomiques pour des résultats très discutables,
- Implication réelle des agents dans les choix informatiques (avec du TEMPS et des MOYENS)
4. Une communication transparente
- Publication des résultats complets des enquêtes (pas juste les chiffres qui arrangent)
- Concertation réelle avec les organisations syndicales
- Arrêt de la langue de bois managériale
CONCLUSION : ARRÊTEZ DE NOUS PRENDRE POUR DES IDIOTS !
L'administration nous sert des rapports lénifiants où tout va bien, où la satisfaction progresse, où les agents sont contents...
La réalité :
- 26,6% de participation à l'enquête : les collègues n'y croient plus
- 71% ne voient aucune amélioration de l'informatique
- Les informaticiens sont épuisés, démotivés, et ne se sentent pas acteurs
- Les applications plantent toujours autant (CONSULTPAS, GESLOC...)
- Les choix managériaux (travail en horaires décalés) vont aggraver la situation
Solidaires Finances Publiques le dit clairement :
- Nous refusons la dégradation continue des conditions de travail
- Nous refusons que les collègues informaticiens payent le prix du sous-investissement chronique
- Nous exigeons des moyens, de la reconnaissance, et du respect
L'informatique à la DGFiP n'ira mieux que quand l'administration aura compris qu'on ne fait pas tourner des systèmes critiques avec des bouts de ficelle et des agents épuisés !
