Le sondage de l’institut IPSOS de novembre sur « Le rapport des Français aux impôts et au système fiscal », paru en plein mouvement dit des « Gilets jaunes » est instructif.

Cette enquête fait apparaître que 46 % des personnes interrogées ne considèrent pas que payer l’impôt est un acte citoyen. Une proportion étonnamment élevée qui devrait interroger les pouvoirs publics. La suite de l’enquête explique cette proportion inquiétante. Il ressort en effet que 84 % des personnes interrogées considèrent que la politique fiscale menée par le gouvernement est injuste car elle pénalise essentiellement les classes moyennes (76%) et les retraités (91%) et bénéficie surtout aux plus riches (73%). Les deux tiers des personnes interrogées estiment par ailleurs que cette politique fiscale aggravera les inégalités. L’enquête montre en outre que les personnes interrogées estiment que le « retour » en termes de services publics est insuffisant (74%).

Les résultats de cette enquête ne sont pas étonnants. Ils confirment la tendance des enquêtes d’opinion de ces quinze dernières années. Si, jusqu’au déclenchement de la crise et la mise en place des politiques de rigueur, une majorité de français semblait prête à payer davantage d’impôt pour avoir plus de services publics, la tendance s’est inversée depuis une dizaine d’années.

En dix ans en effet :

  • les services publics ont été mis à la diète, ils ont quitté de nombreux territoires et ont vu leur qualité se dégrader sous l’impact des politiques de rigueur,
  • les politiques fiscales ont consisté à alléger l’impôt des personnes les plus aisées alors que d’autres impôts, payés par tous, ont augmenté,
  • de nombreuses injustices fiscales procédant de l'utilisation des "niches fiscales" et de l’optimisation fiscale agressive ont été révélées publiquement, elles ont montré que la répartition de la charge fiscale était inéquitable,
  • les affaires d’évasion et de fraude fiscales se sont multipliées, elles ont révélé l’impuissance des États à combattre ce phénomène entretenu par la concurrence fiscale et sociale et leur absence de coopération,
  • enfin, globalement, tout ceci est intervenu alors que les conditions de vie et de travail se sont détériorées (précarité, chômage, hausse du « coût de la vie », sentiment de déclassement social ou d’abandon, etc).

Pour le syndicat national Solidaires Finances Publiques, le mécontentement qui s’exprime n’est pas surprenant, il est même compréhensible à bien des égards. En revanche, il serait particulièrement dangereux que « l’anti-fiscalisme » prenne le pas sur les véritables priorités.

Le syndicat Solidaires Finances Publiques s’inquiète du développement des actions menées contre les services des Finances publiques. En effet, les agent.e.s des Finances publiques ne sont pas les responsables des choix gouvernementaux : ils exercent leurs missions au service de nos concitoyens avec une conscience professionnelle reconnue et dans des conditions de plus en plus difficiles. La charge de travail ne cesse d’augmenter alors que les effectifs s’effondrent (40 000 emplois ont été supprimés dans nos services depuis 2002).

Au contraire, il est absolument nécessaire de montrer en quoi il faut tout à la fois relégitimer la contribution commune et réformer le système fiscal pour qu’il soit plus juste et qu’il neutralise la fraude fiscale. Sans cela, le consentement à l’impôt, pilier d’une société démocratique, continuera de s’affaiblir. C’est en ce sens que Solidaires Finances Publiques continuera de s’exprimer à destination du public par voie de communiqués, dossiers et tracts au public.