SOLIDAIRES FINANCES PUBLIQUES

Ce groupe de travail traitait 3 fiches : une sur le contrôle fiscal des professionnels, une autre sur les pôles nationaux de contrôle à distance (PNCD) et une consacrée aux structures patrimoniales, aux brigades et aux BCR.

Déclaration liminaire

Impossible de démarrer cette déclaration liminaire sans revenir sur la nouvelle cure d’austérité budgétaire qui va, à nouveau, frapper les services publics et les fonctionnaires.

Pour Solidaires Finances Publiques ce ne sont pas les dépenses publiques qui ont creusé le déficit mais bel et bien le manque de recettes. En effet, les gouvernements Macron n’ont eu de cesse de favoriser les plus riches et de leur accorder des largesses (suppression de l’ISF, baisse de l’impôt sur les sociétés, explosion des niches fiscales…).

Le budget 2025 poursuit, cependant, la même trajectoire et va venir amplifier les inégalités et injustices sociales et fiscales. Et ce ne sont pas les quelques mesures liées à la taxation temporaire des foyers les plus riches ou la contribution exceptionnelle des grandes entreprises qui vont rattraper les baisses d’impôts consenties ces dernières années.

Sans surprise, ce budget va, une nouvelle fois, affaiblir les services publics et faire des fonctionnaires des bouc-émissaires.

Les annonces du ministre Guillaume Kasbarian, sont scandaleuses. La majoration de rémunération de 6 centimes pour éviter que 230 000 agents publics soient en dessous du SMIC ou la suppression de la GIPA qui, loin de compenser la perte réelle de pouvoir d’achat, représentent une perte sèche pour celles et ceux qui en bénéficiaient, sont des mesures iniques.

Quant à l’instauration de 3 jours de carence aux fonctionnaires et la réduction de l’indemnisation des arrêts maladie des fonctionnaires de 100 à 90 % pendant les 3 premiers mois, nous n’avons aucun mot tant le mépris de ce gouvernement est incommensurable.

A la DGFiP, première contributrice en matière de suppression d’emplois, en dépit des promesses faites, sont annoncées 550 suppressions de postes pour 2025. Nul doute que les restructurations et autres réformes pour combler les trop visibles trous dans la raquette vont s’accélérer et que le jeu des chaises musicales va se poursuivre. Est-ce par ce biais que vous maintiendrez les 1 500 emplois en renfort dans la sphère contrôle ?

Le groupe de travail de ce jour, dédié à l’évolution de l’organisation du contrôle fiscal, démontre une nouvelle fois que seule prime la commande politique au détriment des missions et des agents. Et en définitive au détriment de ce que devrait être la DGFiP, une administration de gestion et de contrôle au service des citoyens et garante de l’équité fiscale et de justice sociale.

Ce groupe de travail démontre que la question n’est plus d’adapter les structures aux missions mais de gérer les pénuries d’emploi. Au gré des besoins, les agents seront polyvalents, poly-compétents ou simplement monotâches et interchangeables. C’est certainement ce que vous appelez la professionnalisation des personnels...ce qui est une nouvelle marque de mépris.

Solidaires Finances Publiques revendique le respect des chaînes de travail et rappelle que seule une bonne gestion assure un bon contrôle avec les effectifs en nombre suffisant sur toute la chaîne des missions.

La première fiche porte sur le contrôle fiscal des professionnels et se concentre essentiellement sur l’échelon départemental. La fiche répond en tous points aux objectifs du COM 2023-2027 qui souhaite que l’organisation de la DGFIP en matière de contrôle fiscal soit adaptée à la taille et aux enjeux des départements. En revanche, le COM préconise également que cette nouvelle organisation soit effectuée en bonne articulation avec les directions interrégionales de contrôle fiscal (DIRCOFI).

Est-ce à dire que d’autres projets sont en cours d’élaboration ? Il ne s’agit pas bien sûr de demander une nouvelle restructuration de services mais de comprendre comment va se concrétiser l’articulation entre le niveau départemental et le niveau régional. Certains directeurs locaux se sont déjà emparés des nouvelles possibilités qui leur sont offertes mais n’ont, semble-t-il, pas pris l’attache de la DIRCOFI de leur inter-région. Aussi, il est légitime de s’interroger sur le devenir du rôle de pilotage attribué aux DIRCOFI.

Dans la nouvelle organisation présentée, vous annoncez la disparition des PCE et expliquez que ce service ne correspond plus au modèle souhaité. Vous admettrez que cette explication est un peu courte et peu argumentée.

Mais bien plus qu’une nouvelle organisation, vous vous livrez en fait à un exercice de totale désorganisation du contrôle fiscal et laissez les directions locales agir selon leur bon vouloir. Ainsi, l’organisation du contrôle fiscal est donc renvoyé aux potentats locaux qui font preuve de beaucoup d’imagination, et pour certains d’un véritable empressement à agir. Sont d’ores et déjà mis en place des PUC (pôle unifié de contrôle), des PID (pôle d’investigation et de détection), des PDV (pôle départemental de vérification), de BAC (brigade des affaires complexes), de SDP (service départemental de programmation), de SPC (service de programmation et de contrôle), des BF (brigades fraude)….

A très court terme, l’organisation du contrôle fiscal dans le réseau sera totalement disparate d’un département à l’autre. Et c’est sans compter sur les ajustements ou changements qui devront être opérés avec l’arrivée de la facturation électronique. Sur ce sujet, Solidaires Finances Publiques exige la mise en place rapide d’un groupe de travail dédié comme demandé lors du CSAR du 23 octobre. En d’autres termes, vous nous promettez une valse permanente des structures et des services, affaiblissant ainsi un peu plus le contrôle fiscal.

Quant aux missions, elles seront dispatchées au sein de ces nouveaux services. Sans nul doute le recours à la signature de protocoles et autres notes pour organiser cet immense bazar des missions va connaître un nouvel essor. La nécessité de rédiger des protocoles révèle l’incohérence des organisations mises en place et démontre la casse des chaînes de mission.

Il est désormais clair que la Direction Générale se désengage de l’organisation du contrôle fiscal dans le réseau et se contente de fixer des lignes d’orientation.

Nous reviendrons sur ces lignes d’orientation que sont la programmation, l’expertise, la centralisation du CF et le renforcement du CSP. Mais nous vous prévenons d’ores et déjà, et nous en ferons un casus belli, nous n’accepterons aucun argument lié à une quelconque volonté de professionnalisation des fonctions... C’est une insulte faite aux agents, à leurs technicité et savoir-faire. Toutes vos réformes aboutissent en définitive à une perte de sens du travail et à un appauvrissement des connaissances fiscales des agents.

 Nous nous permettons de rappeler qu’au niveau RH, il existe des règles lors des réorganisations de services et que toutes les directions locales se doivent de les appliquer pour préserver les droits et garanties des agents concernés par ces réorganisations.

De plus, toute création ou réorganisation de service doit se traduire par une modification du TAGERFiP avec les emplois correspondants. En cas de réorganisation, un périmètre doit être défini pour permettre aux agents de suivre ou pas la mission en faisant jouer leurs droits et garanties.

Nous rappelons également qu’il est plus judicieux de réaliser ces réorganisations concomitamment aux mouvements locaux.

De manière générale, nous constatons de nombreuses dérives ou non application des règles dans le cadre des différentes réorganisations de services avec une volonté manifeste de l’administration de privilégier dogmatiquement les postes aux choix avec les conséquences que cela emporte.

Une deuxième fiche est consacrée aux pôles nationaux de contrôle à distance (PNCD)

La création de ces pôles nationaux répond aux injonctions politiques et vous permettra de cocher une nouvelle case du COM (chantier 3). Ce dernier prévoit en effet que le civisme fiscal des particuliers, et désormais des professionnels, peut être renforcé en invitant les contribuables à régulariser leurs erreurs ou omissions commises de bonne foi. Il n’est toutefois pas précisé comment et à quel moment est appréciée la bonne foi. La démarche de régularisation pro-active ne laisse pas d’espace à cette possibilité.

La mise en place des PNCD permet à la DGFIP de poursuivre la casse de son réseau et, surtout de cocher la case d’une démétropolisation effectuée. Vous nous direz que le bilan de la démétropolisation est positif et nous démontrerons par l’analyse des recrutements effectués que c’est faux !

Pour Solidaires Finances Publiques, nul doute que ce service répond complètement à l’objectif de décliner la loi ESSOC. Il va au-delà de la relation de confiance et du droit à l’erreur et installe la régularisation pro-active. Très clairement, nous y voyons sur la forme une industrialisation de la mission contrôle fiscal et sur le fond une vision très restrictive de ce que doit être un contrôle fiscal sur pièces.

Penser que les pôles nationaux vont contribuer à l’amélioration du civisme fiscal est une fourberie supplémentaire, voire une totale hérésie. Habitué le contribuable à attendre un courrier de demande de régularisation ne va certainement pas l’inciter à être vigilant dans ses déclarations fiscales. Il pourra toujours invoquer son droit à l’erreur s’il se fait prendre la main dans le pot de confitures et invoquer la complexité de la loi fiscale. Cette nouvelle définition du civisme fiscal dédouanera l’administration fiscale de son obligation de rendre un service public de proximité et de qualité dans l’accompagnement quotidien des citoyens. Aussi, sur le court terme, nul doute que les contribuables apprécient d’être invités à régulariser. Mais quand sera-t-il sur le long terme lorsqu’ils recevront régulièrement de l’administration fiscale de nouvelles demandes de régularisations ? Votre objectif d’utiliser de manière opérationnelle de grandes volumétries de données fiscales est clairement affiché et en dit long sur votre conception du contrôle fiscal de demain. Le PNCD est la promesse d’un contrôle fiscal aseptisé, éloigné du terrain et des contribuables, et sans connaissance du tissu fiscal.

La dernière fiche transmise est consacrée aux structures patrimoniales, aux brigades et aux BCR.

La sphère patrimoniale a commencé sa réorganisation en 2014. Un GT national s’est tenu en 2020 – 2021 et a fixé en définitive les grandes lignes de l’organisation de la sphère patrimoniale. Mais force est de constater que la fiche transmise se contente de décrire les structures mises en place mais ne livre aucun bilan. Pour Solidaires Finances Publiques, la réorganisation de la sphère patrimoniale est liée à la mise en place du Nouveau Réseau De Proximité. En conséquence, cette réorganisation n’a été nullement dictée par l’intérêt des missions. Il en ressort en conséquence beaucoup de critiques liées à l’éclatement des missions, des services, au manque d’échanges et de mutualisation entre les agents et les services. Le GT national, auquel aucun agent n’a été convié, mettait en exergue les problématiques dans les circuits de programmation et la nécessité de mieux coordonner l’action des services, tout en améliorant les échanges d’informations entre les structures.

Vous abordez de manière très brève les services de programmation et ne dites rien sur le rôle des BEP.

Par ailleurs, si le rôle des BCR semble conforter, notre inquiétude persiste au regard du double pilotage de ce service par la Dircofi et la direction locale. Aucun bilan n’a été fait.

En définitive, les documents présentés aujourd’hui ne présentent pas une réelle organisation de la mission contrôle mais participent davantage à sa désorganisation au niveau départemental. Les niveaux régional et national sont quasiment occultés et les premières réorganisations se mettent sans concertation au niveau inter-régional. Aucune cohérence n’apparaît dans les chaînes de travail. Seules sont prises en compte la déclinaison de la loi ESSOC, les restructurations et les suppressions d’emplois à venir avec l’arrivée d’outils que vous jugez extrêmement performants.

Inutile de vous dire que Solidaires Finances Publiques ne partagent en rien vote vision du contrôle fiscal.